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Citation de migdal


Et pourtant, ce général si démuni peut à lui seul infléchir la stratégie de deux groupes d'armées ! Le 17 décembre, à son retour de Moscou, de Gaulle apprend que trois armées allemandes viennent de passer à la contre-offensive dans les Ardennes belges, au centre du dispositif allié.

(...)

Comme une division et une brigade blindée SS menacent également Strasbourg depuis la poche de Colmar au sud, le général Eisenhower ordonne l’évacuation de l'Alsace et le repli sur les Vosges de la 7e armée américaine du général Patch et de la lre armée française du général de Lattre.

(...)

On assiste alors à un duel à fleurets mouchetés, qui tient à la fois du jeu d'échecs et de la partie de poker ; de Gaulle annonce qu'il a donné l’ordre à la 1’ armée de tenir sur ses positions, quelle que soit la stratégie adoptée par le commandant suprême ; Eisenhower lui demande d'imaginer quelle serait la situation de cette armée si les Américains cessaient de la ravitailler en carburant et en munitions ; sur quoi de Gaulle l’invite à réfléchir à ce qui se produirait si «le peuple français, dans sa fureur», privait les Américains de l'utilisation des chemins de fer et des transmissions nécessaires à leurs opérations... De Gaulle met un terme à cette escalade de propos intimidants échangés entre gentlemen par une phrase apaisante. «Plutôt que d'imaginer de pareilles perspectives, je croyais devoir faire confiance à la valeur stratégique du général Eisenhower et à son dévouement au service de la coalition, dont faisait partie la France.» Le commandant suprême, beau joueur, finit par céder, non sans avoir formulé une dernière objection : « Pour que je change mes ordres militaires, vous invoquez des raisons politiques.» À quoi de Gaulle fait cette réponse prévisible pour qui le connaît : « Les armées sont faites pour servir la politique des Etats. Personne, d ailleurs, ne sait mieux que vous que la stratégie doit embrasser, non seulement les données de la technique militaire, mais aussi les éléments moraux.» N’est-ce pas ce qu'il expliquait depuis deux ans déjà à Churchill, à Giraud et à Roosevelt ?
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