La névrose traumatique : Elle commence quant le déni de l'image traumatique prend fin. Elle comporte de multitudes symptômes dont nous avons esquissé la genèse dans le chapitre précédent. Il ont chacun le pouvoir de susciter de la souffrance chez le sujet et l'entourage , et de créer du handicap.
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Le syndrome de répétition, s'il apparaît rapidement après l'événement, peut être intense au début mais disparaît spontanément en quelques semaines au maximum, ou se manifeste de temps en temps pendant des mois ou des années
sans perturber la vie de la "victime". On peut même parfois dire dans ces cas que si le réveil du cauchemar se fait dans l'angoisse, à distance, le sujet semble plutôt amusé de ce retour de l'expérience traumatique, intacte des années après. Chez le sujet névrotique, il n'en va pas de même, il semble que chez lui l'objet traumatique prenne une place importante dans le fonctionnement de son appareil psychique. Ce qui est étonnant, d'abord, c'est le temps que peut durer la classique "phase de latence" ; des semaines, des lois voire des années, comme s'il était dans l'incapacité de prendre en compte l'impact de l"événement et tait obligé d'exercer sur l'image traumatique un déni durable.
Le sentiment d'abandon est plus facilement exprimé. Les rescapés en veulent à tous les êtres humains, même leurs proches : "Je sais bien qu'ils n'y sont pour rien, mais ça ne m'empêche pas de leur en vouloir", disait ce jeune grand-père victime d'une agression bien avant la naissance de ses petits enfants.
C'est peut-être la formule de Lacan des débuts, qui recommandait une "fraternité discrète", qui est l'attitude mentale la plus appropriée pour le thérapeute. La psychothérapie elle-même se déroule de façon très diverse
selon les sujets.
Il y a selon l'expression consacrée depuis Freud "effraction du pare-excitation", incrustation d''un corps étranger interne" à l'intérieur de l'appareil psychique. Ce corps étranger qui est d'une toute autre nature que les représentations, très chargé n énergie, va perturber le fonctionnement de l'appareil. Il a une autre caractéristique, c'est qu'il peut demeurer là éventuellement toute la vie du sujet réapparaissant à la conscience sous la p-forme d'un phénomène de mémoire, ce qui est l'opposé d'un souvenir (conscient ou refoulé). Il donnera lieu au syndrome de répétition [...].
Entretiens individuels et groupes de parole.
Comme nous l'avons vu, ils sont indiqués à cette phase lorsque l'état émotionnel des victimes ne permet pas de revenir en détails sur l'événement. Car on risque alors, au lieu de susciter une parole sur un vécu, de provoquer une reviviscence de l'événement, c'est probablement une raison de l'échec du débriefing américain d'être institué trop tôt (24 ou 72h). Leurs techniques ne demandent pas d'avoir recours à des concepts spécifiques au trauma : ils sont simplement un accueil de la parole de la victime et celle-ci ne dit que ce qu'elle a envie de dire. D'ailleurs, la parole ne manque jamais, justement cause de l'état de bouleversement émotionnel des participants. Comme le débriefing individuel et le débriefing collectif, il est absolument impérieux, après un entretien ou un groupe de parole, de revoir des sujets individuellement au moins une fois dans les jours qui suivent.
... les psychotiques développent des éclosions délirantes, les pervers
n'ayant pas vocation à être traumatisés.
... il faut d'abord distingue le traumatisme psychique et na névrose traumatique. N'importe qui est susceptible d'être un jour le lieu d'une effraction traumatique. La clinique nous montre aussi que certains facteurs facilitent considérablement le traumatisme, outre la violence extrême du choc, la fatigue physique et/ou morale (soldat en campagne), la passivité (métro), l'activité fantasmatique du moment ("le traumatisme résulte d'une rencontre d'un événement et d'un sujet"), une action hors la loi en cours, un deuil récent, un traumatisme antérieur etc.
La névrose traumatique, nécessite qu'il y ait traumatisme d'où l'intérêt des facteurs précédents. C'est une condition nécessaire mais pas suffisante. Sur le long terme, nous n'avons jamais eu à traiter des patients qui ne soient pas névrotiques.
L'effroi a deux versants : L'un concerne le niveau des représentations : toute idée, toute pensée, tout mot disparaissant de la conscience des sujets qui se vivent comme déshabités par le langage, comme s'ils avaient eu un bref moment la tête vide ; ils décrivent un sentiment de panne, de black-out, de blanc, d'arrêt sur image (l'image tant dans ce cas une image externe, dans quelques cas hallucinatoires, nous en donnerons des exemples. D'un autre côté, l'effroi se manifeste au niveau des affects. là aussi, il y a un "blanc" de l'affect, justement nu peur ni angoisse ; "'je n'ai même pas eu le temps d'avoir peur"', dira à ses camardes ce soldat qui s'est retrouvé tout à coup avec le canon d'un fusil pointé sous son nez 'le fusil s'est enrayé).
Dans les cas graves, la formula passive : avoir été abandonné se transforme dans l'inconscient en formule active : se faire abandonner, qui est à l'origine des conduites dont le but, non reconnu comme tel, est de provoquer des ruptures. La réalité semble alors donner raison au sujet ; il est effectivement abandonné. D'où de nombreux cas de divorce, de licenciement, de perte du logement. Il faut comprendre aussi dans cette logique d'auto-exclusion les désocialisations totales, les suicides et les évolutions vers un alcoolisme censé aussi être un remède à la honte.