François Marot

François Marot nous raconte son expérience du chômage.

Malgré de brillantes études, malgré un poste de direction dans un magazine prestigieux, il n’échappe pas au licenciement et à la recherche d’emploi pendant plusieurs mois. C’est d’autant plus difficile qu’il fait partie de la catégorie des seniors.

Derrière un humour de bon aloi, on sent bien la désespérance par laquelle il est passé. L’invisibilité soudaine auprès de ses pairs, l’agressivité des services des ressources humaines, l’incompétence et la malhonnêteté d’un avocat, les premières étapes de la descente aux enfers sont douloureuses.

Si on s’amuse avec l’auteur du parcours ubuesque que propose Pôle Emploi, on est atterré par l’inadéquation entre les ressources et le besoin. Il est nécessaire d’être proactif mais, malheureusement, cela n’est pas toujours suffisant.

L’auteur passe en revue les autres effets délétères de la perte d’emploi. La disparition de la vie sociale en fait partie. Elle participe au sentiment de solitude. Les soi-disant amis ont peur de la contagion, ils s’éloignent.

Ce texte n’emprunte pas à la littérature mais il se lit avec plaisir, comme un thriller ou presque. C’est un témoignage cathartique et captivant d’une réalité douloureuse pour de nombreuses personnes.

Chute libre, de Harward à Pôle Emploi.

De François Marot

Éditions Chemins de traverse.

151 pages.



Chronique pour Babelio masse critique non fiction juin 2023.



Un grand merci à @babelio et

@cheminsdetraverse de m'avoir envoyé ce livre.



L'éditeur a choisi une illustration très parlante.



Sa préface de deux pages souligne un paradoxe étonnant. La France, bien connue pour ses avantages sociaux, offre un matelas de protection pour amortir le choc de la perte d'emploi, contrairement aux États-Unis. Cependant le vécu psychologique du chômage y est nettement moins dramatique, là bas. Faut-il y voir l'échec de notre système qui protège les "gens en place", et jette les surnuméraires de manière brutale, pour ensuite les installer dans une longue errance particulièrement destructurante, dans l'attente d'un miracle qui les fera remonter à bord sans que Pôle Emploi n'y soit pour quoi que ce soit?



Là bas, ils ont Steve Jobs.

Nous on a Pôle Emploi.

Comme le dit si bien cette vieille, trop vieille blague.



François Marot nous raconte son expérience, son vécu, ses constats, ses angoisses, ses colères, avec beaucoup de recul d'humour, et d'autodérision.



Un humour qui lui aussi devait avoir pour fonction d'amortir le choc de cette éviction brutale de ce qui était sa vie, sa réussite, sa personnalité aussi. Car il est bien question de mort sociale.

Et tout change, à jamais, l'image que l'on a de soi, des autres, proches, amis, collègues, famille... La perte d'emploi sert de révélateur et ça fait mal.



Ce récit m'a rappelé ce que mon père, mes deux meilleurs amis, et quelques autres, ont vécu, de manière identique, alors que leurs profils sont très dissemblables, et cela à des époques différentes. Rien n'a donc changé depuis le 2ème choc pétrolier ?

La France avait "choisi" le chômage, comme variable d'ajustement. On gère le stock. On les occupe, on les balade, surtout, nos chômeurs.



Il faut lire ce témoignage très bien écrit, qui pourrait même inspirer un cinéaste tellement les "personnages" sont bien campés.





#ChutelibredeHarwardàPôleEmploi

@FrançoisMarot

#récit #témoignage #chômage #pôleemploi

Un poste rémunérateur et valorisant, une assise professionnelle et sociale, le narrateur avait tout...tout pour que la chute soit encore plus vertigineuse et violente.

De l'annonce brutale de son licenciement, en passant par son inscription à Pôle Emploi et à des formations plus ou moins sérieuses, servant plus les intérêts de leurs organisateurs qu'elles n'aident réellement les chômeurs, le narrateur nous relate sa traversée du désert avant son retour sur le marché du travail, marqué à jamais par cette année de "lessiveuse".



Un récit lu quasiment d'une traite, tel un bon polar captivant, des chapitres courts et rythmés qui s'enchainent, au ton léger et drôle bien souvent, qui en ferait presque oublié la gravité du sujet abordé.

Car ce récit, c'est aussi une mise en lumière de tout l'invisible et préjudiciable que procure le chômage : regard de l'entourage qui change, amis qui fuient de peur d'être "contaminés", infantilisation des professionnels de l'Emploi, perte de confiance, etc...