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Citation de Charybde2


On était à la fin de l’année 1959 et le général président avait décidé de mettre le paquet pour terminer la guerre en Algérie. Ça voulait dire balancer du muscle et du plomb, retourner chaque caillou du djebel, napalmer les caches et exterminer la vermine hors-la-loi. Bref, montrer que les temps avaient changé, qu’un dur était aux commandes, qu’on avait fini de zigzaguer entre la causerie déboutonnée et le coup de poing dans la tronche, et moi je voulais être de la fête avant qu’il ne soit trop tard. Comme les seconds rôles ne m’intéressaient pas, j’avais fait l’école des élèves-officiers de réserve et je rêvais d’actions héroïques, décisives. C’était il y a un an et j’étais un gamin, j’imaginais monter à l’assaut de positions rebelles avec mes gars, analyser des cartes en disant, le doigt pointé sur un talweg. « Les fells sont là ! », accepter les missions dangereuses qu’un colonel à la mâchoire carrée et aux yeux bleus m’aurait données en sachant que moi seul, avec mes gars bien sûr, pourrait les mener à bien.
Contrairement à beaucoup de jeunes de ma génération, je pensais que la France devait montrer de quoi elle était capable en Algérie, c’était une question d’honneur, de fidélité, de grandeur, d’héritage. Se bousculaient dans mon esprit les images de Vercingétorix, Du Guesclin, d’Artagnan, celles aussi des grognards de Napoléon et des résistants de la Seconde Guerre mondiale, et surtout des hommes de Londres, comme mon père l’avait été, les fidèles du Général, la jeune garde des soldats dévoués à une cause immense, celle de la patrie, alors même qu’elle était rabaissée par le maréchal collabo. Combattre comme eux, risquer ma vie, la perdre au combat comme mon père avait perdu la sienne, ça me donnait la chair de poule rien que d’y penser. Je me disais que ce n’était pas possible que des bougnoules puissent résister à notre armée. Il n’y avait qu’à voir la branlée qu’ils avaient prise en Égypte pendant la guerre de Suez. Avec de Gaulle, ça allait être vite torché.
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