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Critiques de François Nicolas (6)
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Lettres à Alan Turing

Un superbe ouvrage avec un concept original qui est l'envoi de lettres par des spécialistes en informatique à Alan Turing, le père de l'informatique ! Tous les sujets de la société et de la science moderne ont été évoqué. Un excellent livre que je recommande à toutes et à tous.
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Lettres à Alan Turing

Des célébrités relatives (en sciences, ou des philosophes ou auteurs qui ont abordé des sujets en rapport avec l'oeuvre de Turing) lui envoient une lettre.



J'ai commencé le livre avec enthousiasme, mais j'ai été assez vité déçue. Je m'attendais à quelque chose de vibrant d'émotion, devant des gens exprimant leur admiration, leur empathie, peut-être leur déception sur certains points, devant l'homme célèbre. Je m'attendais à un peu d'humour aussi. Je n'ai eu ni l'un ni l'autre. Est-ce un choix éditorial, ou un choix des auteurs ? J'ai trouvé presque toutes les marques d'admiration convenues et froides.



Heureusement, plus tard, quelques lettres sont venues modifier cette mauvaise idée que je m'étais fait, en particulier celle de Sylvie Lainé. J'ai aussi beaucoup apprécié les trois "lettres" qui sont en fait des oeuvres de fiction épistolaire. Mais globalement, la plupart des lettre sont assez égocentriques, avec les gens qui expliquent comment Turing a influencé leur oeuvre, et ce qu'ils en ont tiré, ce qu'ils ont fait avec. Certains de ses articles sont intéressants scientifiquement (de façon étonnante, c'est le cas de celle du directeur scientifique de L'Oréal, j'avais un mauvais a priori contre), ou philosophiquement. Mais la plupart consistent à expliquer leur vision de l'oeuvre de Turing (certains lui font la leçon et expliquent qu'il n'est pas allé assez loin ou qu'il a eu tort), leurs opinions en général (avec parfois des "je suis sûr que tu serais d'accord avec moi", explicites ou implicites, que j'ai trouvé de mauvais goût), et globalement... je ne sais pas ce que je voulais. Bien sûr, dans une lettre, on parle de soi. Bien sûr, on ne peut pas essayer de nouer une vraie connexion avec quelqu'un qui est mort, et on s'adresse effectivement au public. Mais j'ai l'impression que dans de trop nombreux cas, ce message adressé au public était surtout "regardez comme je suis brillant".



Aussi, la vision de l'homophobie qui se dégage de ce livre, comme quelque chose qui est dans le passé, ou quelque chose qui est exclusivement anglais, me fait me demander dans quel monde vivent ces gens, ou s'ils sont tous hétérosexuels. Dans ce cas, autant ne rien mentionner sur l'homosexualité de Turing, s'ils ne font pas l'effort de comprendre.



Peut-être ce livre n'est-il pas destiné aux fans de Turing comme moi, mais aux gens qui le connaissent peu. Peut-être le sujet du livre n'est-il pas Turing lui-même, mais son influence sur la pensée moderne. Dans ce cas, ces lettres seraient presque plus des documents qu'une oeuvre. Peut-être, si j'avais pris l'ouvrage avec cette distance, l'aurais-je plus apprécié.



Enfin voilà. Une déception globale, même si vu l'hétérogénéité des textes et le grand intérêt de certains, je ne peux pas dire que je regrette d'avoir lu.



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Le monde-Musique, tome 2 : Le monde-Musique..

Le monde-Musique de Francois Nicolas par Alain Badiou



On connaît les mots orgueilleux par lesquels Rousseau ouvre ses Confessions : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateurs. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de sa nature. Et cet homme, ce sera moi. » On a envie, après avoir lu l’immense fresque de François Nicolas (quatre volumes remplis de science, de pensée, et de perception vive) de la ressaisir dans des termes voisins : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateurs. Je veux montrer à mes semblables un monde dans toute sa vérité. Et ce monde, ce sera la musique. »



Le projet de François Nicolas n’entre en effet dans aucune des catégories reçues du rapport à la musique. Ce n’est pas un ouvrage historique et critique, consacré à tel ou tel grand musicien, ou à telle ou telle séquence de l’histoire de la musique occidentale, bien que les références historiques et les citations d’œuvres y fourmillent. Ce n’est pas un traité théorique, de contrepoint, d’harmonie, de sérialisme, bien que l’étude des structures fondamentales de la musique, tonale, atonale, sérielle, postsérielle, y soit conduite avec force et clarté. Ce n’est pas une œuvre consacrée au rapport de la musique à son contexte culturel, bien que soient très fréquemment convoqués les témoins et les juges des moments-clefs de l’histoire de la musique, du xvie au xxie siècle. Ce n’est pas un traité d’esthétique, au sens philosophique du terme, bien que la philosophie, y compris la plus récente, soit très présente d’un bout à l’autre du livre. Ce n’est pas non plus un livre consacré à ce que son auteur appelle « l’intellectualité musicale », et qui est la pensée de la musique comme étant elle-même une pensée en acte, bien que tous ceux qui cherchent le noyau rationnel de cette intellectualité, de Rameau à Boulez, soient minutieusement relus, présentés et discutés. Ce n’est pas non plus une description impressionniste du rapport sensible de l’auteur, en tant qu’auditeur, à des « moments » musicaux particuliers, bien que la catégorie de « moment-faveur » soit expressément définie, travaillée et exemplifiée, dans des passages entiers de la somme. Il n’est pas non plus question de réduire le livre à un formalisme plus ou moins mathématisé, bien que la mathématique soit très présente. Ce qui ne saurait étonner de la part d’un des fondateurs et animateurs du groupe, dont on mesurera un jour l’extrême importance dans la conjoncture intellectuelle des vingt dernières années, je veux parler du groupe nommé mamuphi, à savoir : « Mathématiques, musique, philosophie. » Mais enfin, cela même ne peut servir unilatéralement à définir le livre dont nous parlons. Ajoutons que le lien intime de la musique aux langues, à leur multiplicité comme à leurs différences, est un souci permanent de François Nicolas, tant comme musicien que comme penseur. Cependant, la somme n’est pas non plus un traité du rapport entre musique et langage.



Pour comprendre cette entreprise, en effet « sans précédent », et dont « l’exécution » n’est pas près d’avoir des « imitateurs », pour mesurer son originalité totale, il faut partir de la notion de « monde ». Car ce qu’il s’agit de visiter, de cartographier, de penser dans sa structure comme dans ses détails sensibles, c’est le territoire entier de la musique « occidentale », depuis ses fondements les plus techniques, les plus assurés, jusqu’à ses vibrations locales les plus singulières. Il s’agit en somme de suivre le guide « François Nicolas » dans un parcours écrit total de ce qui existe sous le nom et la réalité de « musique ».



François Nicolas, qui est « mamuphi » en personne (matheux, musicien, philosophe) ne laisse jamais rien, dans ses écrits, qui soit dépourvu de définition et abandonné sans qu’en soient explorées toutes les conséquences. « Monde » est un mot qui à la fois résume son entreprise et en fait partie. Il emprunte pour ce faire à la philosophie comme aux mathématiques, il en extrait des paramètres (transcendantal, objet, enveloppe, existence locale, voisinages, points…) qui lui permettent de situer chaque référence, chaque strate de son discours, dans une sorte de référence mobile à la notion de « monde ».



On pourrait dire que, lorsqu’il cite une partition, lorsqu’il analyse un moment-faveur, lorsqu’il discute les catégories d’une intellectualité de la musique, lorsqu’il cherche à situer l’apport le plus singulier d’un compositeur, lorsqu’il compare des structures musicales, lorsqu’il se soucie du rapport entre écriture-notation et exécution-audition, questionnant ainsi la notion de « concert », François Nicolas est toujours en train de situer une pensée singulière, ou un objet perceptible, dans le monde auquel ils appartiennent. Ce vaste édifice est largement de nature topologique : penser le monde-Musique et y entraîner ses lecteurs, c’est relier chaque développement particulier à la disposition dans le monde des objets qui le constituent.



Il faut bien voir aussi que sont prises en compte les capacités variables du lecteur. Elles définissent des niveaux de lecture possibles, lesquels, à leur tour, vous guident dans la topologie du monde. C’est que ce monde va des pures différences sensibles aux distinctions conceptuelles et aux « idées-musique » par la médiation d’innombrables références et exemples. Disons qu’on ne peut guère phraser la différence exacte entre le timbre du cor anglais et celui du basson, mais qu’on peut aider à la faire entendre. Et, à l’autre extrémité, que l’on ne peut guère rendre immédiatement sensible l’idée de musique athématique, puisque le thème est le guide traditionnel de l’écoute des classiques, mais qu’on peut cependant l’exemplifier dans quelques séquences écrites.



Ainsi, le parcours, tendu historiquement entre Josquin des Prés et, disons, Brian Ferneyhough pour ce qui est des œuvres proprement dites, entre disons Rameau et Nicolas lui-même pour ce qui est de l’intellectualité, peut se lire à différents niveaux, que la distribution des chapitres, paragraphes et sous-paragraphes clarifie à tout instant, comme si elle était la portée sur laquelle s’écrit la partition du voyage dans le monde-Musique.



On aura compris que s’embarquer pour ce voyage est s’attendre constamment à de nouvelles questions, de nouveaux exemples, de nouvelles perspectives, et se prendre volontairement dans une toile où partitions, calculs, structures, jugements et plaisirs s’enchevêtrent sans que jamais disparaisse l’horizon d’un monde unique.



Dirais-je enfin de quelle tension s’anime, subjectivement, cette Odyssée véritablement unique, qui, traversant tous les âges, s’acharne en direction du port d’attache, peut-être introuvable, de la musique contemporaine ? Il me semble que c’est une explication avec Boulez, et ce aux deux niveaux essentiels : celui de l’intellectualité de la musique, laissée inachevée – dit Nicolas – par le Maître, et au niveau de la composition, où des solutions provisoires, des consolidations peut-être plus apparentes que réelles, ont, elles aussi, déçu les promesses altières du commencement.



Qu’on ne se méprenne pas : ce ne sont pas là des « critiques » adressées à un maître vieillissant. Ce sont des impératifs tirés de son enseignement même, tant théorique que pratique, afin de faire ce qu’il fit : reculer les limites du monde-Musique, afin d’en sauver l’existence.



Et peut-être est-ce dans le multiple des langues qu’il faut puiser une des ressources de ce dépassement, tant il est vrai qu’aujourd’hui rien ne peut valoir qui ne soit, pleinement, et affirmativement, transnational. François Nicolas, comme compositeur et comme théoricien, nous dit aussi pourquoi et comment le monde-Musique ne saurait échapper à cet impératif.
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Le monde-Musique, tome 1 : L'oeuvre musical..

Lettre d’information de L’ÉDUCATION MUSICALE, n°85, octobre 2014, rubrique : LE COIN BIBLIOGRAPHIQUE : p. 67-8.



Recension par Édith WEBER Professeur émérite d'Histoire de la Musique à l'Université Paris-Sorbonne



L’auteur — polytechnicien, compositeur, organiste, philosophe, chercheur à l’IRCAM et Professeur — met sa vaste érudition au service d’une meilleure compréhension du discours musical et d’une écoute attentive et soutenue permettant de révéler des surprises cachées au musicien que François Nicolas considère comme « un passeur de musique » (p. 39). En effet, selon le regretté Jean Barraqué, « les œuvres nous créent créateurs » et, dès la page 11, l’auteur en livre la clé au lecteur soucieux de comprendre l’« idée musicienne de la musique » ; il avance quatre thèses :



1. « La musique fait le monde », 2. « L’œuvre fait l’écoute musicale », 3. « La musique fait le musicien et le musicien (pensif) fait l’intellectualité musicale », 4. « La musique fait la raisonance » (sic). Ces 4 assertions circulent comme un motif conducteur à travers l’ouvrage qui affirme que la musique est un « art autonome » et « un art de l’écoute ». L’auditeur de musique doit devenir un écouteur.



Avec une terminologie spécifique très personnelle, les différents chapitres exposent les moyens et les étapes de l’écoute illustrées par de minutieux diagrammes. La théorie théologique chrétienne de l’écoute fidèle est illustrée par Saint Paul, puis par le réformateur Martin Luther, enfin — plus proche de nous — par le célèbre théologien Karl Barth, pour lesquels la foi, la prière, la prédication sont du ressort de l’écoute. Le chapitre : Théorie de l’audition musicale (p. 87sq) intéressera plus particulièrement les musiciens et compositeurs, car il importe « d’écrire et lire la musique », puis de la « jouer », enfin de « l’entendre ».



Les esthéticiens, les psychologues, les spécialistes des problèmes de perception apprécieront le chapitre concernant l’Approche psychanalytique de l’écoute inconsciente (p.105sq). Les chapitres suivants : Le moment faveur, le plus développé ; Le tourniquet de l’intension (sic) ; Comment l’écoute musicale tricote le temps ; la forme musicale comme inspect (sic) ; Le concert ou quand les œuvres s’écoutent, ouvrent de nouvelles perspectives autour des verbes : percevoir, auditionner, appréhender, écouter, débordant largement les notions de perception, d’audition, d’appréhension et d’écoute.



Les repères de l’auteur sont multiples et pluridisciplinaires. Il se réfère, d’une part, à Sigmund Freud, Sǿren Kierkegaard, Jean-Paul Sartre, Jean Lacan, Vladimir Jankélévitch… et, d’autre part, à Arnold Schoenberg, Olivier Messiaen, Pierre Boulez, C. Deliège — dédicataire de l’étude. Une fois familiarisés avec la démarche très rigoureuse, protéiforme et le vocabulaire, les lecteurs et auditeurs ayant assimilé cette « théorie de l’écoute musicale » seront préparés à mieux comprendre les 3 volumes complémentaires annoncés :

Vol. II : « Théorie de la logique d’écriture » (justifiant la notion d’un monde-musique) ;

Vol. III : « Théorie de cette discursion langagière propre au musicien… Intellectualité musicale » ;

Vol. IV : « Théorie de ces rapports du monde-musique avec son environnement qu’on nommera raisonance ». À suivre.
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Lettres à Alan Turing

Ce livre regroupe vingt-trois lettres écrites par des professeurs, ingénieurs, philosophes (...) qui ont été amenés à travailler de près ou de loin sur les travaux d'Alan Turing. Pour ouvrir et clôturer cette ouvrage, on retrouve également un prologue, une petite chronobiographie de la vie d'Alan Turing, les résonances qu'ont eu ses travaux (biographies, films, essais etc...) mais aussi une petite présentation de chacun des auteurs réunis dans le livre. 



Les lettres sont toutes assez originales et sont toutes construites de façons très différentes. Certaines vont s'adresser à Alan Turing en utilisant le vouvoiement tandis que d'autres vont utiliser le tutoiement, dans certaines, l'auteur va discuter directement de ses travaux en comparant les résultats de Turing à la réalité 50 ans plus tard, dans d'autres les auteurs vont écrire une lettre fictive (par exemple, la lettre "Theoreo ! Je vois !" de Nazim Fatès m'a bien plu car très originale). Les lettres de Sylvie Lainé "Ne croquez pas cette pomme, Alan !" et de Gérard Berry "Un géant de création et de simplicité" sont également très intéressantes et plaisantes, ce sont celles qui ont le plus retenu mon attention dans ce livre.

N'étant pas spécialiste du sujet, j'ai appris à travers ces textes, de nouvelles choses concernant les travaux d'Alan Turing, notamment au niveau de la biologie et des mathématiques (je ne savais pas qu'il avait travaillé sur autant de sujets!).

Je m'attendais à plus d'humour ou à la découvertes de petits secrets concernant Alan Turing, mais ces lettres restent tout de même très focalisés sur ses travaux plus que sur le personnage. Cependant, cet ouvrage reste accessible au grand public et donc pas besoin d'avoir un doctorat en mathématique pour prendre du plaisir à le lire. Il y en a pour tous les goûts et, si vous connaissez un peu Alan Turing et appréciez ses travaux, ce livre est intéressant sans être trop lourd.



Je remercie Babelio et les éditions Thierry Marchaisse pour cet envoi dans le cadre de la Masse Critique de septembre.
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Lettres à Alan Turing

Ce livre m'a été offert dans le cadre de l'opération masse critique. Dans cet ouvrage des scientifiques, des écrivains et des philosophes se sont prêtés à l'exercice d'écrire une lettre à Alan Turing, connu comme l'un des précurseurs de l'informatique moderne et casseur du code de la machine allemande Enigma. L'idée est originale et plusieurs lettres m'ont appris des choses intéressantes et pas uniquement sur la vie d'Alan Turing. Malheureusement, et c'est inhérent à ce genre d'exercice, l'ensemble reste assez répétitif, malgré les efforts certains que chaque auteur a entrepris pour différencier sa prose de celle de ses collègues. Pour conclure, je dirais que les aspects positifs l'emportent tout de même sur les négatifs.
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