Notre histoire de non-amour dure depuis quarante ans. Non que ma mère ne m’ait pas aimé : elle m’a aimé comme ont fait certaines femmes, d’une tendresse ombrageuse et niaise, préférant mes faiblesses à ma liberté, m’encourageant aux accommodements, toujours prêtes aux excuses, à la connivence, à condition que je ne cesse pas, moi, de fournir des signes extérieurs de bonté filiale, de manifester un sentiment dont il importait peu, je finis par le comprendre, qu’il fût sincère ou non, du moment que les rites et les apparences en étaient respectés.