Autobiographie d'un demi siècle. Marié trois fois, trois enfants, il raconte ses souvenirs d'enfance, ses mariages, ses déménagements, sa rencontre avec Cécile, généreuse, qui l'accepte tel qu'il est. Elle ne se trompe jamais sur la qualité d'un être.
Il se penche aussi sur son métier d'écrivain, faire de l'éternel avec de l'éphémère, c'est son gagne pain.
Ce livre écrit de 1976 à 1978, imaginait sa fin de vie.
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Notre histoire de non-amour dure depuis quarante ans. Non que ma mère ne m’ait pas aimé : elle m’a aimé comme ont fait certaines femmes, d’une tendresse ombrageuse et niaise, préférant mes faiblesses à ma liberté, m’encourageant aux accommodements, toujours prêtes aux excuses, à la connivence, à condition que je ne cesse pas, moi, de fournir des signes extérieurs de bonté filiale, de manifester un sentiment dont il importait peu, je finis par le comprendre, qu’il fût sincère ou non, du moment que les rites et les apparences en étaient respectés.
Je m’aperçois alors que le vrai drame de mon enfance a été de manquer aussi radicalement d’amour. L’amour, ses signes, ses élans, ses excès, sa chaleur, ses soudaines folies : rien de tout cela ne se portait chez nous. À force d’aller sans dire, les sentiments étaient non seulement devenus muets mais ils s’étaient évaporés.
On repousse de soir en matin, d’année en année ce qui est trop difficile : il sera toujours temps. Toujours temps de déclarer aux gens qu’on les aime, d’entreprendre des voyages, d’écrire un gros roman multicolore. La mort saisi des humains aux carnets pleins de rendez-vous notés un quart de siècle auparavant.
À force de ne jamais prendre de coups - et j’étais si fier de cette invulnérabilité ! - je suis devenu pour la souffrance une proie fraîche. J’irai demain à la souffrance comme une bête à l’abattoir.
Que la vie nous tue à petit feu, quoi de plus sûr ? Au moins espère-t-on donner du goût au bouillon et, à la cuisson, certaine allure. A prétendre être en possession de la recette, je mentirais.
Albert Cohen ; 5 et dernier
Albert COHEN :
entretien avec
François NOURISSIER,
Jean Didier WOLFROMM,
Françoise XENAKIS,
Robert SABATIER et le Révérend Père Lucien GUISSARD à propos de ses livres testaments : sa
passionjuive, ses occupations entre la composition de deux livres ; ses goûts littéraires. Pense que les femmes sont inférieures dans le domaine de l'
action littéraire (tient des propos désagréables sur...