Citations de François Ponsard (19)
Non, non ; ce nous serait une autre servitude.
Le peuple turbulent, qui suit sa passion,
Est une proie acquise à chaque faction.
Celui qui sait le mieux flatter l'aveugle masse,
Entraîne son suffrage et gouverne à sa place ;
Et les ambitions, mises en mouvement,
Ne produisent que troubles et que déchirement ...
Ah ! Le projet, conçu d'abord avec orgueil,
Quand il faut l'accomplir, n'est plus vu du même oeil.
La résolution, qui paraissait si fière,
S'arrête devant l'acte, et retourne en arrière.
Je ne voyais de loin que le pays vengé ;
Ce que je vois de près c'est un homme égorgé ...
Pardonne-nous, Agnès ; nous avions à juger
Un procès qui valait la peine d'y songer ;
Car l'accusé n'était rien moins que Jean-sans-Terre,
Le duc de Normandie et le roi d'Angleterre ...
Guillaume-des-Barres.
- Vous avez vu l'effet de la foudre romaine
Qui tue un peuple entier pour atteindre la reine
Robert d'Alençon.
- Quoi donc ?
Guillaume-des-Barres.
L'ignorez-vous ? Ne vous a-t-on pas dit
Que le pays de France est mis en interdit ...
Je suis la Muse de l'Histoire.
La Grèce, où sont nés tous les arts,
Me salua, comme sa gloire,
Quand j'apparus à ses regards ...
De tout homme pieux Galilée a le blâme ...
Tout homme intelligent à ses leçons prend flamme ...
Ce monsieur-là n'est point moral dans ses propos.
- C'est un socialiste ...
Pourquoi chauffez-vous les cervelles,
En débitant un tas de maximes nouvelles ?
Toutes ces nouveautés sont, pour trancher le mot,
Inventions du diable et sentent le fagot ;
A la façon déjà dont chacun vous regarde,
Cela finira mal, si vous n'y prenez garde.
Ah ! Que n'imitez-vous ces dignes professeurs
Qui disent ce qu'ont dit leurs prédécesseurs ?
Voilà des gens chez qui le bon sens et l'ordre règnent :
Ils enseignent sans bruit ce qu'on veut qu'ils enseignent ...
Je suis la sibylle de Cumes.
Tout le destin de Rome est dans ces trois volumes.
Apollon Phrygien m'en a dicté les vers
Sur des bords reculés que baignent d'autres mers.
Tu veux savoir pourquoi je porte un voile sombre ?
Parce que l'avenir se dérobe dans l'ombre.
Pourquoi ces vers ? Je viens t'en offrir le dépôt.
Pourquoi ma lampe, enfin ? Tu le sauras tantôt.
Lis ...
Antonia, s'asseyant sur un banc de pierre et rêvant .-
- Dans ces mondes lointains, peut-être, à l'instant même,
Un amant s'entretient avec celle qu'il aime.
Taddeo .-
- Assurément. Pourquoi Dieu les aurait-il faits,
Sinon pour y loger des amants satisfaits ...
Disparaisse à jamais, coupable d'un tyran,
Le trône où peut s'asseoir un crime encore plus grand !
Disparaisse à jamais et Tarquin, et la place
Où des tyrans nouveaux retrouveraient sa trace ! ...
Que vivant sous Tarquin, vous vivez sous la hache ...
- Allons, embellis-toi, Paris, ma capitale !
Élevez-vous, palais du Louvre, et cathédrale !
Collèges, trésoriers du savoir et des arts,
Hôpitaux, aqueducs, halles, pavés, remparts,
Faites-nous un Paris, rival d'Aix-la-Chapelle,
Et digne d'être un centre à la France nouvelle ! ...
Car il faut être au devoir avant que d'être au bonheur ...
Eh ! Mon dieu ! Non ; je vois le monde tel qu'il est.
A quoi sert de parler comme une pastorale,
Et quel profit croit-on qu'en tire la morale ?
Ces fades lieux communs, dont nous sommes nourris, ne sont pas pour tremper de vigoureux esprits.
Quand un livre niais, bourré de phrases vides,
Aura fait un faux monde aux jeunes gens candides ;
Quand ils supposeront, sur la foi des régents,
Qu'on n'honore ici-bas que les honnêtes gens ;
Que résultera-t-il de toutes ces chimères ? ....
Quel spectacle douloureux que celui de sa propre décadence ! Chaque jour nous emporte un peu de nous-mêmes, et met une ride où était une grâce. Comme les années s'envolent ! Comme on vieillit vite !
Ce qui plaît aux femmes (1860)
Qu'est-il donc arrivé chez vous, sire Guillaume ?
Je viens de Normandie, et j'apporte, je crois,
Des offres qui plairont à monseigneur le Roi ;
Mais tout ce que j'ai vu m'est d'un sombre présage :
Un silence effrayant régnait sur mon passage ;
Ceux que j'ai rencontrés marchaient le front baissé ;
Nul ne se retournait quand il avait passé ;
Vainement je cherchais, aux balcons des ruelles,
Le sourire agaçant des jeunes demoiselles ;
La fenêtre immobile et les rideaux fermés
D'aucun regard furtif ne sont animés ;
Et comme si j'entrais dans une cité morte,
Je trouvais un cercueil placé sous chaque porte ...
- Merci, Jean l'assassin ! Je ne suis pas fâché
D'avoir eu ce prétexte à prendre ton duché.
Le beau duché normand ! Il est de bonne prise.
Je vais donc assouvir ma longue convoitise !
Un si proche butin irritait mon désir ;
Mon bras se fatiguait à croire le saisir.
Mais aussi, par ma foi ! C'est menace trop forte,
Que les rois d'Angleterre aient en France une porte,
Soient ducs de Normandie, et tiennent dans leurs mains
La clef qui de Paris leur livre les chemins ...
Je le crois bien : un homme estimable du reste, atteint de la misère, est atteint de la peste ...