... la cité de Saint-Émilion apparaît comme un nouvel Eden, lieu privilégié où, dans un même élan de foi, de saints hommes ont enseigné simultanément à boire du vin de messe et à manger les fruits de la Connaissance.
... Saint-Émilion était donc essentiellement une cité bourgeoise et monastique. Mais, hier comme aujourd'hui, la population de la commune ne se limitait pas aux résidents. Jusqu'au XVIII° siècle, (...), des pèlerins y font halte et, parmi ceux-ci, des seigneurs féodaux, soudards aux moeurs rudimentaires à la recherche de « l'esprit de chevalerie ».
Non seulement leurs innombrables méfaits guerriers recevaient l'absolution à Saint-Émilion, mais ils avaient accès aux sources roboratives des « vins honorifiques » de la Juridiction et surtout, sous le clocher géant, dans la fabuleuse église monolithe, raison d'être de ce récit, ils étaient invités à une initiation, à un savoir dispensé par les gardiens du sanctuaire qui en matière de psychologie étaient de remarquables précurseurs.