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Citation de sebthoja


Si l'on sentait que chacun était là pour défendre sa peau, il ressortait de cet échange une chose qui, d'une certaine façon, émerveilla Tanguy : tous ces gens, pour des raisons bien supérieures au simple fait de se retrouver le lendemain aux portes de l'ANPE, ne voulaient absolument pas perdre leur travail tout bonnement parce que ce travail, ils l'aimaient et qu'ils s'y sentaient bien. Pourtant, ce job, Tanguy le connaissait pour s'y être frotté régulièrement pendant ses vacances d'été. C'était vraiment un sale boulot, dégueulasse, malodorant, répétitif. Le bruit des machines aurait pu vous briser les tympans, et il fallait des heures pour se débarrasser de l'odeur poisseuse qui empuantissait vos mains, vos cheveux et jusqu'à vos gencives. C'est sûr, vider des poissons à longueur de journée, leur arracher les entrailles dans des émanations pestilentielles pour finalement les aligner dans des bocaux de verre ou des boîtes de métal n'est pas précisément le genre d'activité dont on rêve quand on est gamin. Mais c'était un boulot, un vrai, et grâce à lui, ils avaient bâti un toit, construit une famille, élevé des enfants, échafaudé des projets d'avenir, mais surtout, et c'était là le plus important et ce qu'ils essayaient de faire comprendre aujourd'hui, ils s'étaient sentis fiers d'exister. Tanguy se demanda s'il pourrait un jour en dire autant.

Page 311, Le Livre de Poche, 2016.
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