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Citation de Leg12


Leg12
26 février 2021
Au 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré s’élève un palais de cocotte, à peine rédimé par le cérémonial gendarmesque, dont les occupants, sauf peut-être le général de Gaulle, auront disparu de la mémoire des hommes quand Babar y promènera toujours sa lourde silhouette familière. Ce serait à ce roi que pensent les Français lorsqu’ils élisent un président pour leur République, et lorsque peu de temps après ils s’en lassent. Tel est le sujet, qui n’est incongru qu’en apparence, des développements que vous allez lire.
Les historiens pèsent au trébuchet les conséquences du régicide, et regardent, chacun selon son point de vue, le « fauteuil vide du roi ». Ce fauteuil vide suscite autant de bêtises attendues que ses « deux corps », dont la théorie, à la supposer utile, ne sert plus aujourd’hui qu’à décrire un président suant sur son vélo. Les Français, dit-on, cherchent toujours un monarque. Ils seraient animés par le regret d’avoir mis le leur à mort par hasard, alors que personne ne voulait « la République », malgré les fortunes de la mode à l’antique, à la romaine, les dingueries de Rousseau et l’exotique popularité de ce trublion rural de Washington. Ils erreraient depuis de Charles X en Louis Napoléon, de De Gaulle en Mitterrand, et pire encore, dans l’espoir toujours déçu de renouer autour du front d’un seul homme le fil de leur propre histoire. S’expliqueraient ainsi les grandes façons des impétrants, leurs costumes de scène, leurs amies, leurs vies secrètes, leurs manies ridicules, leurs lieux de prédilection, Colombey et Solutré. Le goût du roi, c’est le pont aux ânes du commentaire politique français. Il n’est pas, à cette aune, jusqu’à l’incessante évocation de la République qui n’apparaisse suspecte, comme le prêche contre l’alcoolisme d’un imam saoudien tenté par la bouteille.
C’est faute d’avoir exactement mesuré l’importance, au vrai souterraine, du mythe fondateur de toute politique française qu’on se laisse prendre aux charmes de ces analyses évidemment superficielles. Et ce mythe est celui du roi Babar.
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