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EAN : 9782072962677
816 pages
Gallimard (07/03/2024)
3.67/5   46 notes
Résumé :
« La Seine est le fleuve sur le bord duquel j'aurai passé l'essentiel de ma vie. Je me suis aperçu très tard que cette mince coulée grise et verte formait le centre d'un territoire, réel et imaginaire, dont je n'avais cessé de vouloir déchiffrer le secret. »

Comment raconter un fleuve ? Comment dire ses boucles, ses méandres, les villes qui le bordent, les ponts, les ports, les entrepôts ? Comment dire les générations qui l'ont façonné, ont bâti ses r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ecoutant cet été sur France Culture François SUREAU évoquer « La Seine et nos amours », je me remémorais mon enfance et les promenades avec nos parents qui, devant un monument ou certaines plaques de rues, nous apprenaient qui était le héros immortalisé. Je me souviens aussi du carnet dans lequel mon grand père notait les noms de rues qui ne lui évoquaient rien afin de se documenter et murmurait « la géographie enseigne l'histoire ».

Gallimard édite ces déambulations sous le titre « L'or du temps », en 848 pages riches de notes et index, qui sont le roman fleuve de la Seine et surtout un roman national qui au fil des pages et des anecdotes, ressuscite Mangin et Liautey, Babar et Arsène Lupin, Hugo et Dufayel. Nous découvrons Blaise Pascal créer la RATP, Richelieu (l'autre) créer Odessa. Nous suivons Genevoix, Apollinaire et Simenon. Nous rencontrons Isabelle Adjani et marchons sur les pas de Charles de Foucaud et Vladimir Ghyka, deux des nombreux martyrs du XX siècle.

Inutile de préciser que je n'ai pas lu ce pavé de façon linéaire mais que je picore au fil des heures et des hasards des index, les pages qui recoupent mes lectures ou mes pensées du jour. Un tel ouvrage réinvente, en quelque sorte, le surf et le lien hyper-texte et mériterait une édition numérique enrichie de sons et d'images qui en feraient une nouvelle encyclopédie… « Mon livre est pareil à la Seine, il s'écoule et ne tarit pas ».

Je ne connaissais pas cet auteur que je suis ravi d'avoir découvert par hasard et dont je vais chercher les autres titres.
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Le titre « L'or du temps » renvoie à l'épitaphe de la tombe d'André Breton – chef de file des surréalistes – « Je cherche l'or du temps », qui traduit une quête spirituelle inspirée des alchimistes, vers la liberté. Il suit (du moins au début) le cours de la Seine depuis sa source – un fleuve qualifié de « coulée grise et verte » et somme toute d'assez ordinaire, comme le plomb du quotidien, pour s'enrichir au fil des 848 pages d'une formidable moisson de noms, connus ou moins connus et d'autant d'expériences, littéraires, artistiques, architecturales militaires, et spirituelles. L'index des noms occupe à lui seul plus d'une centaine de pages. le fil rouge de l'ouvrage est un autre livre, « Ma source, la Seine » et le parcours de son auteur, Agram Bagramko, un peintre émigré russe, lié aux surréalistes avant d'émigrer aux États-Unis, et dont des illustrations émaillent les pages de l'Or du temps. Ses souvenirs sont relatés par Grigoriev, un ancien cosaque hébergé dans le Pavillon de peinture de « la Geneste », propriété d'un professeur « M », docteur en médecine, lequel n'est autre que le grand-père de l'auteur, et héros de la guerre de 14-18, où il a été gazé. Les recherches, confirmées par les interventions de François Sureau dans les médias (où l'on peut constater que les présentateurs n'ont lu que très partiellement le livre !) montrent cependant que ce peintre est un personnage de fiction ! L'auteur en effet revendique son envie de parler de son pays qu'il aime, comme le ferait un étranger, d'où ce choix. Les thèmes abordés sont extrêmement foisonnants, de l'auroch de Heck à l'encyclique cachée de Pie XI en passant par le Jansénisme de Port-Royal, le duc de Richelieu (pas le cardinal), dont la statue surplombe à Odessa les fameux escaliers du « Cuirassé Potemkine). La galerie des personnages est également impressionnante, comme en témoigne l'épaisseur de l'index : Maigret, Babar, Sherlock Holmes, Apollinaire, Lyautey, Albert Londres, Joseph Kessel, Arthur Koestler
La liberté de l'esprit, l'expérience spirituelle, l'expérience de la vie sont au coeur de chacune de ces visites.
Une lecture extrêmement roborative, donc, que j'ai espacée par les pauses de deux Maigret et de deux Manchette, pour éviter le vertige, y compris de mon inculture, par comparaison !
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Ce bouquin a tout d'un ovni. Quelques moments intéressants (je pense notamment aux pages dédiées à Babar l'éléphant...), mais l'ensemble est quand même assez plombant, truffés de passages parfois difficilement compréhensibles (en tout cas pour moi). L'auteur tient absolument à nous montrer sa science, avec des notes en bas de page à n'en plus finir; ça devient d'autant plus pesant que le volume n'est pas mince. Et puis son personnage récurrent (inventé ?), le nommé Bagramko, est pour le moins envahissant. La Seine est ici, on le comprend vite, un prétexte à la flânerie. le récit accompagne le lecteur des sources du fleuve jusqu'à la capitale. On annonce une suite, de Paris vers l'estuaire. Bigre. Comme dit l'autre, on n'est pas couché...
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Ce livre m'a bercé pendant un moment et jamais je ne me suis senti aussi bien que sur les bords de Seine. L'auteur m'a plongé dans un monde, dans une atmosphère, telle que je n'en ai jamais connu auparavant.
Merci grandement à l'auteur pour cette dose de bien être.
Je conseille vivement ce livre.
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Après Danube, Remonter la Marne et Adour, voici un pavé d'érudition, un fleuve plutôt, à partir duquel l'occasion nous est donnée de découvrir, entre autres nombreuses choses passionnantes partant de la Seine, que le meilleur régime politique est le royaume de Babar et surtout l'histoire de l'individu qui se trouve à l'origine des faits de presque toutes les décisions du Conseil d'Etat… Un régal.
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critiques presse (1)
Bibliobs
06 juillet 2020
Cet écrivain au parcours atypique a voulu faire tenir dans « l’Or du temps » tout ce qui le constitue : ses lectures, ses admirations, ses souvenirs, ses combats et son amour fou de la France.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Chez Simenon, il n'y a que des victimes, y compris les criminels. Le monde les écrase tous, les broyant dans des structures mauvaises, qui ne sont pas réformables et qui leur ont faussé l'esprit et le coeur. On le voit à ce détail que tous, du clochard au bourgeois, habitent en termites des bâtiments trop grands pour eux, qu'il s'agisse des maisons de Samois, du château de Saint-Fiacre ou même sous un pont par-dessus la Seine. Simenon a dû faire cette expérience [...] Lui aussi a dû souffrir de ces vêtements trop grands. Il en est resté cet homme nu, qui est aussi celui des Pères du désert, l'espoir d'un salut, jamais évoqué, promis à nos destinées d'insectes, dont les trajets se perdent dans le noir de la mort, une oeuvre immense et la présence à nos côtés du commissaire Maigret.

[François SUREAU, "L'Or du Temps", récit, Gallimard, 2020 - page 127]
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En 1980, un petit groupe d’élèves de l’École nationale d’administration se réunissait chaque semaine rue de l’Université pour y étudier le droit des étrangers, sous la houlette d’un conseiller d’État nommé Combarnous, qui devait plus tard devenir le président de la section du contentieux, c’est-à-dire le premier juge administratif français. J’étais l’un d’entre eux.
Combarnous ne prêtait pas à rire et l’on ne pouvait discerner chez lui la moindre trace d’emballement sentimental. On peut voir son portrait au mur de cette salle dite du casino où sont rangées, au Palais-Royal, les gloires du passé. Quant à ses élèves, ils se distinguaient par l’ironie propre à cet âge, sous laquelle chacun cachait tant bien que mal l’ambition de parvenir très vite à de hautes fonctions dans l’État. Autant dire que personne ne se levait, ni même n’était appelé par Combarnous à le faire, lorsque le groupe recevait les hiérarques administratifs dont il avait sollicité le témoignage, préfets, magistrats, directeurs de cabinet ou d’administration centrale. Vint le jour où ces quinze élèves attendaient, assis et bavardant, l’arrivée d’un ancien conseiller d’État, devenu avocat à la cour, et dont le nom ne disait rien à personne. Ce n’était pas un homme en place. Il n’occupait aucune position de pouvoir. Il leur était indifférent. M. Combarnous arriva un peu en avance et dit, d’un ton inhabituellement grave : « Quand M. Mangin arrivera, je vous prierai de vous lever. » Un élève posa une question à laquelle il fut simplement répondu. M. Combarnous répéta : « Je vous prierai de vous lever. »
Les élèves étaient debout quand M. Combarnous fit entrer un homme d’une soixantaine d’années, qui ne portait aucune décoration et les remercia avec simplicité pour leur accueil et, sans attendre, leur parla des étrangers en France d’une voix qui tranchait sur ce qu’ils avaient l’habitude d’entendre.
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La Seine est le fleuve sur le bord duquel j’aurai passé l’essentiel de ma vie. Je me suis aperçu très tard que cette mince coulée grise et verte formait le centre d’un territoire mi-parti, réel et imaginaire, dont je n’avais cessé de vouloir déchiffrer le secret. Car je suis sûr qu’il y a un secret. Je le pressentais déjà au sortir de l’enfance, jouissant d’un monde que la mort – celle des autres ou la mienne – ne bornait pas.(p.17)
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Au 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré s’élève un palais de cocotte, à peine rédimé par le cérémonial gendarmesque, dont les occupants, sauf peut-être le général de Gaulle, auront disparu de la mémoire des hommes quand Babar y promènera toujours sa lourde silhouette familière. Ce serait à ce roi que pensent les Français lorsqu’ils élisent un président pour leur République, et lorsque peu de temps après ils s’en lassent. Tel est le sujet, qui n’est incongru qu’en apparence, des développements que vous allez lire.
Les historiens pèsent au trébuchet les conséquences du régicide, et regardent, chacun selon son point de vue, le « fauteuil vide du roi ». Ce fauteuil vide suscite autant de bêtises attendues que ses « deux corps », dont la théorie, à la supposer utile, ne sert plus aujourd’hui qu’à décrire un président suant sur son vélo. Les Français, dit-on, cherchent toujours un monarque. Ils seraient animés par le regret d’avoir mis le leur à mort par hasard, alors que personne ne voulait « la République », malgré les fortunes de la mode à l’antique, à la romaine, les dingueries de Rousseau et l’exotique popularité de ce trublion rural de Washington. Ils erreraient depuis de Charles X en Louis Napoléon, de De Gaulle en Mitterrand, et pire encore, dans l’espoir toujours déçu de renouer autour du front d’un seul homme le fil de leur propre histoire. S’expliqueraient ainsi les grandes façons des impétrants, leurs costumes de scène, leurs amies, leurs vies secrètes, leurs manies ridicules, leurs lieux de prédilection, Colombey et Solutré. Le goût du roi, c’est le pont aux ânes du commentaire politique français. Il n’est pas, à cette aune, jusqu’à l’incessante évocation de la République qui n’apparaisse suspecte, comme le prêche contre l’alcoolisme d’un imam saoudien tenté par la bouteille.
C’est faute d’avoir exactement mesuré l’importance, au vrai souterraine, du mythe fondateur de toute politique française qu’on se laisse prendre aux charmes de ces analyses évidemment superficielles. Et ce mythe est celui du roi Babar.
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[ Sur Vauquelin des Yveteaux, poète excentrique , mort en 1649 ]
Il avait été un homme comme je les aime, du moins lorsque je suis d'humeur pluvieuse: ayant connu le monde du pouvoir, l'ayant jugé, l'ayant quitté sans phrases, sans reproches inutiles, sans amertume.
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Vidéo de François Sureau
Cette semaine, Augustin Trapenard reçoit François Sureau pour "S'en aller", édité chez Gallimard. "Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller".
François Sureau, écrivain reconnu, explore dans son dernier ouvrage la quête commune de ceux qui cherchent à s'évader des contraintes du quotidien. Avec une plume élégante et introspective, il évoque la fascination pour l'ailleurs, partageant des anecdotes de voyages et des rencontres marquantes. de Victor Hugo à Philby père et fils, en passant par Patrick Leigh Fermor, l'auteur tisse ici un récit captivant autour de ces âmes en quête d'une liberté insaisissable.
À travers les récits de ses propres voyages – de la Hongrie post-Mur de Berlin à l'Inde et l'Himalaya, en passant par les horreurs de la guerre en Yougoslavie – il nous transporte dans un monde où l'aventure devient le fil conducteur de l'existence. Son écriture, empreinte de poésie et de réflexion, célèbre la beauté des découvertes et la richesse des expériences vécues.
En revisitant ces moments clés de sa vie, François Sureau nous invite à contempler la grandeur de l'inconnu et à embrasser la diversité du monde qui nous entoure. À travers cette méditation sur l'aventure, il nous rappelle que la recherche de la compagnie de ceux qui partagent notre soif d'évasion est un voyage en soi, une quête perpétuelle de sens et de beauté
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