En réalité, rien n’est plus fécond, pour faire croître une liberté nouvelle, que la rencontre avec le livre. L’homonymie du mot liber, qui veut dire en latin à la fois « libre » et « livre » n’a rien d’insignifiant. Dans cet objet si simple en effet, nous trouvons concentrée l’essence même de la médiation. Le livre est un chemin, qui nous force à sortir de nous-mêmes – le signe en est l’effort qu’il exige de nous. Mais si nous sommes conduits au-dehors de nous-mêmes, c’est pour mieux nous y trouver. Être soi-même n’est pas immédiat : et l’effort qu’il faut faire vers soi-même, pour former sa propre pensée, atteindre sa propre singularité, c’est tout le travail de la culture – et c’est, en particulier, le plus grand bénéfice que nous puissions tirer de la lecture.