Des milliers de flambeaux, torches et plus de deux cents lanternes distillaient sur la colonne en marche une lumière chaude ondulant au rythme des pas des hommes endeuillés. Les curieux massés au sommet des remparts et des glacis de la citadelle pouvaient ainsi voir une longue traînée de lucioles s'étirer comme une coulée de lave vers la porte nord-ouest de la ville fortifiée. (p. 315)
Le peuple viêt peut apparaître parfois cruel et violent, mais c'est avant tout un peuple pragmatique, fit remarquer l'évêque. Chez eux, la plus impitoyable des cruautés est rarement gratuite mais est presque toujours motivée par des impératifs d'ordre psychologique et politique. Il s'agit avant tout pour eux de marquer les consciences et de briser les résistances. (p. 358)
Les guerres civiles sont les plus haïssables des des guerres ! Laissa tristement tomber Barisy. Je conçois encore mieux désormais ce que nos parents ont pu souffrir en France... Vous avais-je déjà dit que mon oncle, l'infortuné gouverneur de Toulon avait été égorgé et saigné par la populace comme on saigne un goret ? Que mon beau-frère et mon cousin, tous deux loyaux officiers de notre Roi martyr, avaient été pendus comme on pend des brigands ? Et que mon oncle prêtre, le frère de mon père, avait été oublié dans un cachot puant de la république... Et toi Godefroy, ta sœur guillotinée à Brest, en pleine jeunesse, pour avoir seulement assisté à la Sainte Messe, et dont le cadavre a été ignoblement violé par ceux qui l'ont faite monter à l'échafaud... Et toi Antoine, ton frère et ta belle-soeur eux aussi décapités à Lorient... La méchanceté des hommes n'a-t-elle pas de frontières ? Quand donc toute cette folie pourra-t-elle un jour s'arrêter ? (p. 352)
Vous n'êtes pas sans savoir, Thây, que ce culte rendu aux ancêtres est le devoir le plus sacré pour tout vietnamien : il surclasse et il surclassera toujours tous les autres devoirs, y compris le devoir national ! (p. 90)
Les Portes d'Annam": "Puisse cet Adieu, grand-père, n'être qu'un au revoir"...
Nos sangs sont désormais mêlés, mon colonel... Si tu n'es pas encore totalement vietnamien, tu n'es plus tout à fait français aujourd'hui... (p. 347)