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Citation de Partemps


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Heidegger aborde alors le problème du rapport de la séparation (Abgeschiedenheit), du départ, et de la mort, pour marquer que cette mort dont parle Trakl dans ses poèmes n’est pas la mort au sens ordinaire du terme, mais une autre manière de vivre. Il cite à l’appui un vers du poème intitulé « Psaume » : « Dans sa tombe le blanc magicien joue avec ses serpents », qui indique le changement qui a eu lieu et qui permet alors de jouer avec ce qui est le danger même, l’animal venimeux. Ce changement est aussi compris comme folie, puisque l’étranger est nommé le Wahnsinnige, dans le même poème, mais il ne s’agit pas ici de maladie mentale, de psychologie ou de psychiatrie, car cette absence de sens qui caractérise le « fou », selon l’étymologie même de wana qui signifie « sans », indique simplement son état de séparation, sa différence d’avec les autres. Il est autrement sensé que les autres, dépourvu du sens des autres, ce qui veut dire qu’il marche dans une autre direction, le mot pour sens en allemand, Sinn, renvoyant à la racine indo-européenne sent et set qui veut dire chemin. Heidegger cite le poème « À un jeune mort », « An einen Frühverstorbenen », à celui qui est mort à peine sorti de l’enfance et qui dans la mort est repris par elle, et note que Trakl associe la paix à l’enfance. On retrouve ici l’insistance, soulignée par Heidegger, des mots « sanft » et « still », indiquant, comme déjà leise, ce calme, cette lenteur et cette paix qui caractérisent la tonalité fondamentale de la poésie de Trakl, son appel à la douceur contre la violence de la dissension et de la guerre. Mais qui est donc ce jeune mort ?
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