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Citation de Partemps


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C’est la question de la plurivocité de la parole de Trakl qui conduit à celle de son rapport au christianisme. Heidegger ne nie pas que Trakl ait utilisé un vocabulaire d’origine biblique dans ses poèmes (transfiguration, malédiction, et surtout le terme de « geistlich », de connotation religieuse, qu’il préfère à celui de geistig, de connotation plus métaphysique). Et sans doute Trakl a-t-il été marqué par le christianisme, encore qu’une certaine ambiguïté là aussi subsiste, puisque de père protestant et de mère catholique, il ne semble pas qu’il ait bien su lui-même à quelle confession il appartenait. Pour Heidegger, le rapport de Trakl au christianisme ne peut être jugé qu’à partir du moment où le site de sa poésie a été défini et non préalablement à cela. Ce qui implique sans doute, comme c’est déjà le cas pour Hölderlin, que s’opère ainsi une redécouverte du christianisme moins comme doctrine que comme mode d’existence. C’est pourquoi Heidegger souligne que les concepts de la théologie ne peuvent en aucun cas être pris comme points de départ de cette discussion. Heidegger doute d’autre part de l’attitude vraiment chrétienne de Trakl, qui dans ses deux derniers poèmes n’invoque ni le Christ ni Dieu, mais « l’ombre vacillante de la sœur » et nomme l’éternité « onde glaciale ». Car pour Heidegger, Trakl, tout comme Hölderlin, est le poète du retrait du divin, et non de la révélation chrétienne, et comme Nietzsche, il est en quête d’un avenir à donner à l’homme plutôt que du salut éternel de celui-ci.
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