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Citation de gillesnadeau


J’ai six ans, c’est le matin.
La lumière de l’été s’accroche dans le vieux voilage poussiéreux. De grands balais de perles impalpables courent sur le plafond. Même les coins sombres de la grande chambre se réveillent ; la glace du trumeau, au-dessus de la cheminée, reflète la blanche quiétude du jour.
Je n’ai fait qu’entrouvrir les yeux pour prolonger cette précieuse évidence : la nuit est chassée, la nuit est vaincue, le monde est restauré dans sa tendre banalité. C’est un miracle quotidien. Un miracle dont je désespère chaque soir quand l’angoisse me prend au coucher du soleil. Quand la grande maison plonge dans l’obscurité, et qu’elle me donne physiquement l’impression de descendre dans ses fondations comme un navire aspiré dans les profondeurs.
Sous l’édredon, je suis ramassée comme une araignée apeurée, recroquevillée dans un creux de tiédeur. Tout mon corps a fondu et je suis immense, je suis le lit tout entier. Au bout de mes orteils, je vais quêter un peu de fraîcheur sur les côtés. Si mon pied déborde, il va croiser du froid ; je reste à la lisière des draps comme sous la protection d’une main immense, celle d’une mère invisible, inerte et protectrice.
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