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Citation de gillesnadeau


Janine à cette époque est une « pin-up », ou du moins travaille-t-elle à l’être.
En subissant les bigoudis, le coiffeur à domicile, en consacrant un après-midi entier par semaine à « se faire les ongles », appliquer après de longs soins minutieux un vernis couleur abricot de la coûteuse marque Héléna Rubenstein, pas du rouge, surtout pas du rouge, c’est vulgaire, soupire-t-elle. Décidément, la séduction est un travail à plein-temps. Autant qu’un impératif catégorique. D’aucunes en tireraient de voluptueuses satisfactions narcissiques. Pas Janine. Son éducation protestante lui a rendu le corps haïssable. C’est donc une question purement stratégique ; astreignante mais vitale.
Il n’empêche que celle qui, à cet instant, marche vers nous a l’air d’une publicité vivante pour cette belle piscine moderne aux nombreux bassins découpés dans des pelouses soignées. Elle dégage une légère odeur de Piz Buin, l’huile solaire qui graisse encore sa peau et dont le film invisible fait rouler des perles d’eau sur son cou.
Petit troupeau malingre de fillettes entre 6 et 11 ans, instinctivement serrées les unes contre les autres, nous ignorons tout d’elle. Nous ignorons totalement le rôle qu’elle joue auprès de notre père qui nous pousse vers elle, nous ignorons que nous en prenons pour près de 50 ans, nous ignorons qu’elle va poser des fers sur notre enfance et des chaînes sur notre vie entière.
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