Un trait…
Un trait, et c'est l'immensité . Le peintre a besoin d'un peu
d'encre, et du vide : l'espace est là, disponible et frémissant.
Ainsi, ce qui fut une fois une caresse fait naître l'étendue qui
ne sera jamais saturée.
Tu es l'autre, mon double différent, mon versant au-delà du
partage des eaux. Je te sais plus loin que la ligne de crête que
je ne franchirai pas, que le fil d'une attente qui défie l'érosion.
Mais nous sommes aussi du même plissement, de la même
roche cristalline soulevée et fracturée dans la dérive des conti-
nents. Je couvre de signes ce qui nous sépare ; lents insectes
acharnés à gravir, pattes et crissements, bouts d'ailes dépassant
les élytres, reflets sur un dos chitineux, l'un d'eux restera-t-il gra-
vé sur la paroi ?