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Citation de Ellana13


Quand j'étais enfant, je passais une partie de l'année en Bretagne et l'autre dans une ville de banlieue qui portait un joli nom mais qui était bien laide. C'est-à-dire qu'à la fin des vacances une force inconnue, dont ma grand-mère était l'instrument soupirant et récriminant, rassemblait les bagages, les enfants, les billets de train, engouffrait le tout dans un wagon de tortillard et c'était parti pour des mois d'ennui. Quitter les jouets, les livres cent fois relus, les mûres déjà plus noires, les pommes déjà moins vertes, et les cabanes que d'autres allaient piller, c'était abominable. Mais le pire de tout, c'était de laisser la famille lutin de l'ome sur la fontaine, une famille joyeuse et légère comme l'air, prête à jouer ses tours, fugace et pourtant pas fugitive. Hélas, comment dire quelle joie c'était de se trouver face à un de ces lutins?On savait bien qu'ils étaient là, mais on ne les voyait pas... on se croit seul, on se mettait à chantonner, en plongeant les mains dans l'eau froide, et, là, d'un coup, on levait les yeux, les feuilles riaient. On sautait la haie, on grimpait tout en haut de l'orme et toutes les maisons apparaissaient en bas avec les petites personnes en train d'étendre leur lessive, de fendre leur bois, de repiquer leurs poireaux, de tresser leurs échalotes, de se disputer, de pipeleter à n'en plus finir autour d'un arôme de café qui montait des maisons, vers quatre heure... le monde véritable, c'était celui des lutins, si minuscules et si gigantesques en même temps qu'on ne pouvait pas le regarder dans avoir envie de lui jouer des tours. Mais un jour on fermait les volets on tirait la vieille clé de sa serrure, et c'était fini.
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