La nuit des papillons
Avant de me retrouver ici, j'allais, l'année dernière, en Sologne.
Drôle d'endroit. Comme une réserve sans Indiens.
Je déconseille.
Une nuit, cependant, sur un pont au-dessus de la Loire (ce qui n'est déjà plus du tout la même chose), en voiture et en mai, dans la lumière de mes phares, je ne vis plus rien qu'une pluie blanche, tourbillonnante, vraiment une neige, une tempête de neige -- en mai ?
Des millions d'éphémères couvraient le pont. Une éclosion. Un tapis. Des milliards. Dix centimètres sur la chaussée.
Ce qu'on appelle dans l'Indre : la nuit des papillons, et n'arrive qu'une fois l'an.
p34-35 Edition La petite Vermillon