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Citation de ouap1


page 347-348

Dmitri Joulaf assura son violon sous son menton déjà sombre et entama ce morceau de bravoure qu'est le Beau Danube bleu. Il jouait en fixant le prince si intensément qu'Edouard ne put soutenir ce regard hypnotique.
" Cet homme est fou", pensa-t-il.
Il décida de cesser immédiatement ses leçons avec lui. D'abord il constatait leur inutilité, ensuite l'aversion que lui inspirait le musicien se changeait en haine ; or le prince vivait très mal un tel sentiment.
Une pluie de fausses notes fit grimacer son ami de l'opéra. Il les subit stoïquement, à bout portant, car Joulaf s'était rapproché de lui autant que le lui permettaient les déplacements de l'archet.
L'homme dégageait une sale odeur bestiale ; il avait les ongles bordés de noir et des traînées crasseuses au cou. Quand il cessa de jouer, il repoussa du coude l'assiette du prince et déposa son instrument sur la table.
- Qu'est-ce qui vous prend ? s'indigna Edouard.
Dmitri Joulaf eut un mince sourire.
- Un instant ! fit-il.
Il plongea sa main droite à l'intérieur de sa veste et en sorti un pistolet de fort calibre.
En un éclair, Edouard apprit sa mort. Deux fortes détonations retentirent dans le brouhaha des conversations. Il sentit deux chocs successifs qu'on aurait crus causés par un double jet de pierres. Mais les pierres ne retombaient pas après l'impact. Elles s'enfonçaient en lui, déchiraient son corps, le tuaient. La sensation d'intense brûlure se changea rapidement en froid glacial. Il voulut se raccrocher à la vision des choses, dominer coûte que coûte cet ensevelissement ; il ne le put. Tout devint opaque et silencieux.
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