Nous sentions, au moment même où nous les vivions, que ces heures d'été avaient une intensité particulière. Elles s'inscrivaient dans notre mémoire, dans ce passé, le seul véritable, qui accompagne nos derniers moments, nos derniers instants, au fond d'une chambre médicalisé. (p 78).
Quand le malheur vous tombe dessus, vous ne pouvez rien contre lui. Il force votre vie, fait sauter tous les verrous, s'installe par effraction. C'est d'une violence inouïe. Vous êtes surpris, vous tentez de vous protéger, vous vous mettez les mains sur le visage. Rien à faire. Il vous tabasse sans répit. Puis ça s'arrête. Vous restez là, seul, abruti de douleur. Vous finissez par vous relever. Mais la peur violente que vous avez éprouvée ne vous quitte plus jamais. (p 150).