Il a fait distribuer à neuf "compères" prévenus et un "naïf" - le sujet de l'expérience - des dessins de lignes longues et courtes. Chacun doit dire comment il les voit : sont-elles petites ou allongées ? Tous les "compères" répondent de façon erronée, démentant l'évidence : une ligne est beaucoup plus courte que les autres de plusieurs centimètres, mais ils déclarent qu'elle est plus longue. Quand le "naïf" répond à son tour, après eux, une fois sur trois il répète ce que dit la majorité : oui, cette ligne, avec ses cinq centimètres en moins a la même taille que les autres. Il préfère trahir sa propre certitude et l'évidence géométrique pour se conformer aux autres. Il ne veut pas détonner. Cette expérience a été menée des centaines de fois par Solomon Asch. À chaque fois, un tiers de participants se range d'avis commun. Pourtant faux. C'est ce que Solomon Asch appelle "l'intériorisation du conformisme" : un individu sur trois adopte l'avis de la majorité, même quand il contredit l'expérience vécue. Il préfère respecter la norme que la vérité, répéter la "doxa", l'opinion, plutôt que la contredire.