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Citation de Charybde2


On ne se prépare pas à la guerre.
Parfois on s’est entraîné, parfois on s’est armé, parfois on a dressé des plans d’attaque ou de défense, mais rien ne prépare à la guerre. À l’absence d’issue, à la violence totalisante, à la peur qui vous paralyse, à l’avenir qui n’est plus que hasard. Il n’y a pas de préparation à la guerre, il n’y a que des mensonges qui poussent les hommes à y partir.
On ne se prépare pas à la guerre.
On fait face, au dernier moment.
« Stop priorité. On nous a tiré dessus, un collègue est touché. Ils sont plusieurs… » Des coups de feu claquent. Gros calibre, pas de celui que les flics ont déjà pu croiser dans les rues.
« Attention ! Ça tire encore ! Il est derrière, il est pas loin, là ! Il nous a tiré dessus encore une fois ! »
La guerre a commencé.
Des véhicules de police foncent vers le point névralgique de la guerre, là où la bataille s’est engagée. Il en vient de Lille, de Roubaix, de partout. Leurs sirènes rompent le silence nocturne dans un vacarme ahurissant.
« Il y en a un qui a un fusil à pompe ! Il nous a fait feu. Ils sont en face, je sais pas. C’est la panique, là… »
Dans la 405 de la PJ qui fonce à tombeau ouvert, le capitaine Joël Attia et le lieutenant Riva Hocq sont muets. Les yeux écarquillés, ils sont hypnotisés par la voix de leur collègue, le major Cardon, sur la bande passante. Ils sont entraînés, ils sont armés, mais ils n’ont jamais imaginé partir à la guerre. Jusqu’à cette minute.
Autour d’eux, les rues de Croix sont désertes. Les petites maisons cossues ou les grandes demeures à colombages qui défilent sont plongées dans le sommeil, contrastant avec la fureur qui se déchaîne tout près. Les façades sont seulement zébrées par la lumière du gyrophare posé sur le tableau de bord.
Attia est pied au plancher. Dans l’habitacle, la tension coupe le souffle des flics.
– Bordel ! Mais qu’est-ce qui se passe ? demande Hocq en dégainant son pistolet.
– Ils sont en train de se faire fumer, grogne Attia. Putain ! Mais ils ont quoi, comme flingue ?
Les minutes sont pareilles à des heures et les kilomètres, interminables. Le compteur indique 127 km/h. En ville, c’est suicidaire. Mais dans la confusion, Attia a désormais compris que des flics qui s’apprêtaient à contrôler une Audi se font arroser à l’arme de guerre. Philippe Gouget et Didier Cardon sont ses collègues, ses amis, il travaille avec eux depuis longtemps/
Hocq ne parle pas, elle voudrait lui dire d’aller plus vite encore. C’est étrange : la peur n’empêche pas de se précipiter vers la guerre. Les mensonges que l’on vous a répétés avant sont plus forts que la peur : la justesse de votre cause, la supériorité de la justice… Des mensonges.
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