En rond dans la nuit – Raphaël Morgano
Ses yeux restaient fixés sur le dernier vers. En une seconde, l’intégralité du récit qu’elle venait d’entendre défila dans sa tête : l’alcool, la danse envoûtante du péché, la terrifiante solitude des catacombes, les messages codés. Jusqu’à cette énigmatique phrase que Luca lui avait laissée en partant. Le tout sur fond d’obsession nervalienne, de beauté extatique, de bascule dans la démence, de rêverie phonétique. Rêverie dans laquelle fusionnaient Odehia et Aurélia, les prénoms de l’aimée réelle et de l’héroïne onirique. Comme son propre prénom, se dit-elle toujours dans cette même seconde, dont le trait central marquait l’union dans sa chair entre Marie, mère de Dieu, sainte parmi les saintes, et Joséphine, une fée jadis maléfique, dont elle venait d’entendre parler pour la première fois ce soir.