Frédérique Caillon-Cristofani

La peur, en littérature de jeunesse, est un thème usé jusqu'à la corde, et il est devenu bien difficile de faire original en la matière. Rien que sur Babelio, de mémoire, j'ai dû chroniquer au moins une demi-douzaine d'albums sur ce sujet.

Les procédés à l'oeuvre ici sont de deux ordres :

– L'inversion des rôles. Prendre le point de vue l'animal, ici précisément celui qui d'habitude est réputé faire peur dans de nombreux contes pour enfants, j'ai nommé le loup, et faire de l'être humain l'objet de la peur. En vérité, il y a de quoi, n'est-ce pas ?

– Personnifier la peur sous la forme d'un énorme monstre, qui ici est bleu (comme une peur bleue) et qui va rapetisser dans son caleçon au fur et à mesure que notre héros-loup va apprendre à l'affronter.

Malheureusement, aucun de ces procédés n'est original, ils ont tous deux été utilisés bien des fois.

Dans ces cas-là, tout n'est pas perdu. le texte et les illustrations peuvent encore sauver l'affaire.

Le texte fait le choix d'un ton familier, que j'ai apprécié plutôt modérément, ma préférence allant de façon générale (c'est personnel) à des textes plus littéraires. Cette familiarité est encore appuyée par le recours à des néologismes (ou des semi-néologismes, le terme "abomiffreux" étant connu de moi depuis l'école élémentaire je crois) et à des effets de manche répétitifs ou répétitoires, du style "il est arrivé à Pierre une étrangerie étrangement étrange."

Comble du désarroi avec cette histoire de vache folle nommée Maryvonne qui danse avec le brouillard, on se demande vraiment ce qu'elle vient faire là, et ce coin tout mal fichu du texte nous éjecte carrément de l'histoire.

Pourtant, il y a çà et là des moments fort plaisants qui d'un seul coup nous mettent le sourire aux lèvres, comme Iqbal le crocodile du Bangladesh ou Bonaventure le solénodon qui a fait la traversée de l'Atlantique en bidon de plastique... ou comme "la lèvre du bas qui fait mummum comme s'il allait pleurer".

Et les illustrations ? Eh bien, c'est incontestablement le point fort : elles font vraiment le job, reconstituant un humour que le texte seul ne serait pas parvenu à transmettre.

Pour faire bonne justice après cette critique mitigée, disons quand même que mon fils de 6 ans 1/2 a eu l'air de bien l'apprécier, et qu'il n'a certainement pas vu toutes ces carabistouilles qu'a vu l'oeil acéré de son vieux grincheux de paternel. C'est sans doute l'essentiel.

Merci aux éditions Eidola et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

PS : le quiz et le glossaire à la fin valent quand même leur pesant de cacahuètes.

Empruntant à divers contes, un livre pour enfant résolument dans l'air du temps, permettant aux parents d'aborder avec leur marmaille des thèmes aussi divers que les nouvelles formes de résistance, l'immigration ou encore les vaches folles. le tout sans aucune lourdeur et avec amusement. La thématique principale reste la peur, de l'autre, de l'inconnu, de la différence...



Les dessins sont rigolos, le texte est bien mis en avant permettant facilement la lecture par les plus jeunes, le tout imprimé sur papier glacé épais.

Un quizz et glossaire sur les peurs loufoques clos l'ensemble.

Seul bémol, certains néologismes un peu barbare à mon sens, mais qui n'ont nullement dérangé mon fils.



Critique réalisée dans le cadre d'une Masse critique Babelio

Ce livre jeunesse s'adresse à des enfants de plus de 5 ans et jusqu'à 9 ans (livre souple de 32 pages en couleur). Personnellement : un gros coup de cœur pour ce livre traitant avec humour de la peur. Certes ma fille de 5 ans ne peut pas encore comprendre toutes les subtilités, les expressions et références mais nous poursuivrons encore cette lecture durant quelques années.

La peur est abordée avec tout ce qu'elle peut induire : préjugés, idées reçues, jugement de valeur... Et l'auteur et l'illustrateur s'attachent à dédramatiser les peurs des enfants en mettant en avant des valeurs comme l'amitié, l'entraide... L'humour à chaque page en fait une histoire globalement pétillante et drôle. Le thème de la peur est donc abordé avec légèreté et sérieux à la fois.

Nous avons beaucoup aimé les dessins colorés.

A la fin du livre figure un petit glossaire des peurs imaginaires et un quizz des peurs bizarroïdes que ma fille a tout particulièrement apprécié.

Un livre que je recommande particulièrement pour aborder avec l'enfant les peurs, les préjugés et les idées reçues. Cette lecture doit bien sur être accompagnée par un adulte afin de permettre à l'enfant une meilleure compréhension.