Je crois premièrement que le cinéma est trop riche. Il est obèse. Il a atteint ses limites, son maximum. Au premier mouvement d’élargissement qu’il esquissera, le cinéma éclatera !
Déjà dans la poésie il y a une rupture entre Mallarmé et Dada parce que le choix des mots est accompli pour détruire et non pour enrichir de suggestions.
Comme la mélodie est belle, tu es obligé d’inventer pour cette musique un amour à sa mesure, une nostalgie inexistante auparavant, une tristesse pas encore ressentie. La musique crée alors un souvenir que tu n’as jamais eu, mais que tu aurais aimé avoir, une aventure à la mesure de la mélancolie.
Selon les vœux de Daniel, le son vient « à jamais d’ailleurs, comme si concrètement et visiblement, il était un surplus sans rapport avec l’organisme, une cravate de bave pendue à une dent d’ivoire.
Par cet apport poétique [du lettrisme] Isou défie, depuis plusieurs années, la signification usuelle et la valeur commune des mots au nom de l’harmonie supérieure des lettres et des onomatopées.
« Le pèlerin revient de son périple avec une force en lui, une capacité à affronter certaines épreuves, à prendre des décisions qui peuvent demander un peu d’audace ou de courage »
Tout a déjà été énoncé, répété, et ce « tout » s’entend désormais comme un rien, l’in-signifiant assumé pour et par lui-même, l’a-signifiant des vues de pieds, de pavés, de pomme de douche, de tuyau posé sur le sol, de voitures, de rues…
Avec Traité de bave et d’éternité, l’artiste inaugure ce qu’il appelle le « montage discrépant », c’est-à-dire une rupture franche et définitive entre le son et l’image.
Le premier signe apocalyptique de disjonction, de rupture, de cet organisme ballonné et ventru qui s’appelle film. Les films d'aujourd'hui ont quelque chose d'achevé, de parfait et de tranquille. Cela résulte de l'harmonie des éléments de composition, de l'unité classique entre les parties constituantes : parole-image. Pour conquérir, il faut rompre.
Ceux qui s’accommodent de la réalité sont […] des médiocres dans l’art.