Les Noces Royales de Louis XIV spectacle à Versailles
JT de France 2 du 1 septembre 2010 à 13 h. Présentation du spectacle du Groupe F qui s'est déroulé sur le Bassin de Neptune au Château de Versailles en septembre 2010 et qui raconte le périple et le mariage du roi soleil en 1660.
Ecrit par Frédérique Jourdaa et conté par Stéphane Bern, ce voyage initiatique du roi, est l'occasion pour les virtuoses du Groupe F, de marier les sons et les images sur fond d'eau...
ls se retrouvent en pleine lumière, perçant une forêt de robes à paniers et de perruques pour rejoindre les pianos. Sous le ciel de la coupole, deux dragons menaçants fendent un ciel de mercure. Le silence s’installe. Tamino respire profondément. C’est leur signal. Il commence. Une simple comptine dont les notes tintinnabulent avec innocence. Ah ! vous dirai-je, maman. Il reprend l’air, l’accélère, l’ornemente, le déroule, le suspend l’espace d’une seconde, s’immobilise. Jonas récupère le thème qui bourgeonne et volute sous ses doigts.
"C'est là-bas, sur les voiles de frégates, sur ces terres viergesdont il lisait les récits faits par les explorateurs, que se jouait l'avenir du royaume.La vieille Europe était un rêve terminé. Pour Fouquet, le devenir de la France, ce n'était pas les ors ternis de l'Espagne ou la poussière des Habsbourg, c'était lè-bas, l'Acadie, les Antilles, la Nouvelle-France. C'était l'air pur des océans."
L’avenir l’effraie. Du plus loin qu’il s’en souvienne, il porte l’habit de roi. Jusqu’à ce jour, il n’en a connu que les jeux, la musique, le théâtre, la chasse, la parade. Pour lui, sa mère et Mazarin ont tout supporté, affronté les guerres étrangères et les troubles domestiques, déjoué les cabales, fait tomber Condé, ce prince de sang qui avait osé prendre la tête de ses ennemis. »
Les notes sœurs rebondissent. Les pianos sont des bêtes de course. Ils ont préparé leur duo, se sont réparti les variations en fonction de leur caractère, le mode mineur et le ternaire pour Tamino, funambule sur les touches, le binaire et ses triolets cavaleurs pour les grandes mains de Jonas. Ils galopent et se retrouvent, à l’unisson, pour la douzième, la plus brillante, avec ses cascades de doubles croches, ses glissandi virtuoses et sa cadence finale en ut majeur. La foule s’est figée, au plus près de l’estrade et des pianistes dans leurs habits or et argent.
— Beaux comme des princes, glisse un convive perruqué.
— Ou comme des pages, rétorque une mitre d’évêque. Les artistes quittent leurs tabourets et s’inclinent, ballottés par la salve d’applaudissements,
"le temps a gommé les aspérités de son caractère et enraciné sa majesté naturelle. Anne d'Autriche est un soleil noir. Autour d'elle, tout s'éteint et se fige. Elle ne se presse pas."
"tel est le propre de la politique, où il faut savoir du jour au lendemain sourire aux pires ennemis de la veille et tourner le dos à ceux qui hier vous tendaient la main."
"Mazarin voulait la paix à tout prix: la paix des peuples bien sûr, mais aussi la paix des princes, car pour Anne qui fut à quatorze ans, échangée contre Elisabeth de France, la fille d'Henri IV et future épouse de Philippe d'Espagne sur la rivière Bidassoa, à la frontière des deux pays, l'heureuse conclusion de toutes ces luttes passait par une union entre son fils aîné et Marie-Thérèse, sa niéce. la limpieza de sangre, cette vertu héritée de l'Inquisition, qui commande aux vieux chrétiens de favoriser les unions entre mêmes familles pour ne pas souiller leur souche avec des sangs impurs, confinerait ici au sublime"
" bien qu'il fut le premier gentilhomme de France, le roi de France n'avait ni argent ni pouvoir. Son accession prématurée au trône avait permis à ses tuteurs d'organiser le royaume de telle sorte que ses grands commis décidaient de tout et en tout lieu. Il n'était pas le maître du jeu. S'ils en avait été autrement, sans doute Marie (Mancini) eût-elle été à ses côtés, et peut-être déjà reine de France"
"Princesse mariée à quatorze ans, elle se remet entre les mains de Dieu pour traverser les mille et un chausse-trappes de la cour de France, entre un roi qui se détourne d'elle et un peuple qui la déteste. Entre les mains de Dieu encorevpour subir ces vingt-deux années de stérilité, ces soupçons, ces menaces de répudiation. Jusqu'à la naissance providentielle de son fils aîné, Louis Dieudonné (futur XIV)"
Ce courant d'air qui glace les voyageurs à la sortie de la gare Montparnasse, Jonas le prend en plein visage en même temps que le final du Concerto pour Piano n°25 en ut majeur K 503. Celui qui, dit-on, a inspiré la Marseillaise.