Jori volait. Il vole toujours, en fait. Son corps diminue dans son champ de vision, disparaît puis revient. C’est un rêve, sans doute. Quelquefois, il n’y a plus que la tête, énorme et en deux couleurs seulement, le noir des cheveux et le blanc si pâle du visage… On dirait que je suis mort… Les yeux sont de vagues fentes, souvent, l’air en sort et le ballon se dégonfle ; et Jori, désespéré, la trouille au ventre, regarde la baudruche fripée qui finit de s’étioler dans sa main… Je n’ai plus de tête ! Il hurle, voudrait hurler, ça ne sort pas, coincé dans quelque chose qui doit tenir lieu de gorge. Il déglutit. C’est sec. Il ne sait pas ce qui se passe. Parfois il veut bouger aussi, mais c’est comme s’il n’avait plus de corps, plus rien…