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Citation de catmo0105


Quand je le vis.
« Je le devinai » serait sans doute un terme plus juste. Furtivement, entre deux bouteilles de gin. Un éclat de blond cendré presque blanc. Lumineux. Mon cœur s’arrêta un instant. Une vague glacée remonta le long de mes membres. Une violente décharge dans le ventre. Un coup de poing imaginaire qui vida instantanément mes poumons, et la pièce, et le monde tout entier, de tout l’oxygène disponible.
Il était juste derrière moi. Un mauvais rêve solidifié. Un cosmos tout entier dans une enveloppe de chair. Un corps gracile qui criait la jeunesse, enfermé dans un jean noir trop moulant et une chemise gris perle froissée. Des bras longs et fins, un bassin étroit, des coudes pointus, il respirait l’aristocratie à plein nez. Une œuvre d’art échouée au milieu de tous ces corps vulgaires et sales. Quand il se tourna gracieusement vers le bar, deux orbes gris croisèrent mon regard dans le miroir, et il marqua l’arrêt. Sous les cheveux coiffés avec soin et gominés vers l’arrière, le visage diaphane se figea. Les pupilles se firent acier liquide, immenses. Il m’avait reconnu.
Impossible de détacher mes yeux de son visage. Il avait gardé à travers les années cet aspect étrange lui donnant l’air de ne pas vraiment exister, cette beauté froide, mais indéniable. Ses lèvres fines et pâles, mais bien dessinées, étaient pour le moment entrouvertes de stupéfaction, mais j’aurais juré qu’elles portaient encore en elles les rictus narquois dont elles m’avaient si souvent gratifié. La peau d’une blancheur presque transparente brillait sous les lampes basses comme si la lune s’y reflétait.
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