Le visage de cette jeune fille était un miroir de beauté morale. On y voyait transparaître une forte vie intérieure, une spiritualité délicate et puissante à la fois, celle d'un être capable d'agir autant que de contempler.
J'avais une autre raison de porter un intérêt spécial à mon sujet. Outre l'extraordinaire grandeur du lyrisme, je constatais ici l'influence directe
et toute-puissante de la Poésie sur une nation. Car il faut bien s'imaginer — et j'ajoute qu'on n'a pas la moindre idée de la chose, dans l'Europe occidentale — que la grande poésie de l'époque romantique, en Pologne, « y est devenue, du fait des circonstances, un élément important, sinon le seul élément d'éducation nationale, pour la jeunesse ».
Shelley reconnut immédiatement en elle le plus lumineux des reflets de son extraordinaire idéal; et ils s'aimèrent d'un angélique amour. Accompagnée de l'abbesse, elle put lui rendre ses visites, ils échangèrent des lettres et des larmes, elle lui envoya des fleurs et des boucles de ses cheveux, et autour du front marmoréen de cette fille de Béatrix, lui-même attacha comme un halo ce poème fils de la Vita nuova : l'Einpsychidion.
Landor, mort centenaire il y a vingt ans, est non seulement un des grands écrivains de ce siècle, mais un des types les plus complets de la race anglo-saxonne. Presque aussi bien que la vie et l'œuvre de Byron, sa vie et son œuvre pourraient représenter et résumer l'esprit à la fois poétique et militant d'un petit état-major littéraire anglais qui s'illustra de 1800 à 1830.
Simple est la raison de cette puissance de sympathie rare, et elle s'énonce ainsi : Shelley aima les hommes d'un sublime amour, et tard, trop tard, hélas ! les hommes lui ont rendu son amour.