Avant-propos de Gabrielle ERPICUM
(...) Qui peut mieux parler de l'injustice, de la réalité de la misère que celle ou celui qui a été écrasé.e par elle ? (p.14)
Acteur de sa vie
Ils étaient une cinquantaine à avoir accepté le défi : être membres d'une troupe de théâtre !
(...)
La pièce à monter portait sur les personnes coupées de toutes relations, exclues du logement , d'un minimum de vie privée, bref de reconnaissance dans tous les domaines de la vie.(...)
Paul, un homme d'une cinquantaine d'années. Son seul refuge, c'était l'Armée du Salut.(...)
-Que sens-tu ?
- Rien !
- Que penses-tu ?
-Rien !
Pour nous, peut-être est-il difficile d'imaginer ne rien penser, ne rien ressentir...Pour lui, il semblait en être ainsi.
Que pouvait-il penser, sentir dans ce monde du théâtre qu' il n'avait jamais fréquenté ?
Que pouvait-il ressentir en s'exprimant sur sa vie alors que jamais personne ne s'était intéressé à lui ? ( p.82)
La puissance du regard
2005
Je suis chinoise, la huitième d'une famille de paysans. Jusqu'à il y a peu, j'ai traîné la honte du regard qu'on portait sur mon milieu. (...)
Un jour, dans mon pays, j'ai rencontré des volontaires d'ATD Quart Monde.Grande à été ma surprise !
(...)
D'où vient ce nouveau regard ? Pourquoi, à l'école, ne m'a t-on jamais appris que les pauvres ont une pensée, un savoir inédits, que les paysans illettrés ne sont pas si ignorants que cela et qu'ils peuvent rendre le monde meilleur si on sait bien les écouter et méditer ? C'est alors que j'ai compris que les innombrables efforts et l'incroyable courage de mes parents , paysans illettrés, pour élever leur huit enfants devaient être reconnus, à commencer par moi-même, car ils sont porteurs de précieuses expériences et de pensées pour toute l'humanité. (p.31)
GLOSSAIRE
QUART MONDE : Courant de pensée et d'action rassemblant celles et ceux qui se reconnaissent et s'engagent dans la lutte contre la misère, pour une société plus juste qui respecte les droits fondamentaux et l'égale dignité de toutes et tous.(p.99)
Briser l'indifférence
(...)
Un enfant, assis sur la caisse de son instrument,
joue de l'accordéon pour quelques pièces, face à
L'indifférence.
Son regard est ailleurs,
Son regard est perdu dans ce pays
Qui n'est pas le sien.
Parmi les nombreux passants,
Seule une femme, d'un geste rapide,
S'est baissée pour déposer quelque monnaie.
Leurs regards ne se sont pas croisés.
Nous sommes de ceux-là.
Nous poursuivons notre chemin
Sans faire le geste de la rencontre.
Mais un enfant en patins à roulettes
A arrêté l'indifférence.
Il a tourné la tête vers la mélodie,
La surprise de la situation l'a stoppé.
Il regarde l'enfant de son âge.Il s'approche,
Il s'assied, il écoute la musique...
A quoi pense-t-il ?
Son geste nous questionne,
Nous fait revenir sur nos pas
Pour renouer avec la rencontre.
Deux enfants,
Sans un mot, ont changé le cours des choses.
Ils nous invitent à briser l'indifférence,
À prendre le temps de l'Homme.
1992
(p.79)
A la recherche de la Vie
(...)Ces hommes qui prennent le risque de mourir ne sont pas des lâches qui fuient leur famille.S'ils meurent au cours du voyage, pour leur famille ils restent vivants car ils ne meurent pas à genoux devant la misère ; ils meurent debout en la refusant à jamais, au prix de leur vie.
Été 2005
(p.40)
Vous êtes revenue
N'est-ce pas cette même peur, cette même angoisse qui a étreint toutes celles et ceux qui ont rejoint les familles en grande pauvreté ? Cette peur qui a fait fuir plus d'une fois car " la misère n'est pas aimable..."Que de fois nous voulions partir, abandonner ces familles.Or , seul l'engagement de femmes et d'hommes auprès des plus pauvres viendra un jour au bout de la misère. Celle-ci est exigeante, elle n'accepte pas la demi-mesure.
Noël 1988
(p.45)
Dans le Glossaire, in- fine
Journée mondiale du refus de la misère :
Célébrée chaque 17 octobre, elle est née de l'initiative du père Joseph Wresinski et de celle de plusieurs milliers de personnes de tous milieux qui se sont rassemblées sur le Trocadéro à Paris en 1987 pour dénoncer la misère comme violation des droits de l'homme.Cette journée à été officiellement reconnue par les Nations unies en 1992.
(p.98)