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Critiques de Galien Sarde (30)
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Trafic

Tout acquise au style de Galien Sarde, j'ai abordé la lecture de ce second roman avec la certitude de retrouver des émotions aussi intenses que celles éprouvées pour "Échec et, Mat " son premier récit.

Et le plaisir a été au rendez-vous.

Vincent et Manon sont les personnages de cette nouvelle histoire. Ils évoluent dans des milieux différents.

Manon attise le désir de Vincent sans pour autant livrer beaucoup d'elle même.

Elle saura manœuvrer pour le capturer dans ses filets sans qu'il s'en aperçoive. Manipulatrice et machiavélique elle utilisera son amant pour satisfaire des fins très personnelles.

Tel un thriller le récit tient en haleine , la puissance stylistique y participe grandement, constituant un des nombreux attraits de ce roman flamboyant et sombre à la fois.

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Echec, et mat

C'est une histoire racontée à la première personne dans laquelle on entre comme dans un conte et dont on sort comme s'éveillant d'un rêve.

Le narrateur, Théo ,dont on devine très vite qu'il est un très jeune homme raconte sa fuite du présent innommable dans le monde post apocalyptique où il est contraint de vivre, ou plutôt de survivre, et dont je ne dirai rien au risque de déflorer l'intrigue, que je ne paraphraserai pas non plus. 



L'espoir d'un salut se présente brutalement dès les premières pages du livre sous la forme du deuxième personnage du roman, un jeune homme lui aussi, Mat, sorte de miraculeux sauveur : c'est grâce à Mat, à son intervention soudaine et totalement inexpliquée que Théo se « met en marche » et que l'épopée peut commencer ; c'est grâce à Mat, toujours, que le récit peut se dérouler, se poursuivre et arriver à son terme : car Mat sait, Mat trouve, Mat guide, Mat en toute puissance décide tandis que Théo, comme un disciple croyant et tout à ses impressions, ses sensations et une sorte de bienheureuse et confiante apathie ( inertie?) parfois (pourtant) doublée de doutes et d'angoisse, suit.

Lequel de ces deux personnages est-il le plus important, le plus essentiel à la narration, en dépit du fait que c'est toujours Théo qui parle et que Mat ne s'exprime jamais directement ? (Mat est-il rêvé par Théo, apparu comme pour le guider ? Dédoublement ?)



Et c'est là qu'intervient et s'impose la part du rêve, d'abord dans la construction du récit : hormis la première scène d'exposition qui décrit le début de la fuite et ses circonstances, le récit est fragmenté,

éclaté, non linéaire, selon un procédé très cinématographique de retours en arrière, d'incursions dans le futur, d'empiétements, de chevauchements et de superpositions des événements dans la narration qui tient tout de la structure même du rêve ; du rêve également la prédominance du visuel ( couleurs, lumière, obscurité, mouvement), des sensations (froid, chaud, mal-être, bien-être), des impressions (peur, joie, euphorie...) ; du rêve encore ce flou constant dans les descriptions des lieux, stylisées, sibyllines, souvent accompagnées pourtant d'un luxe inouï de détails secondaires, et cette imprécision constante sur tous les événements, leurs raisons et leurs causes ; du domaine du rêve enfin l'ignorance totale et souvent réitérée de Théo, son incompréhension jamais dissipée : Théo ne cesse de s'interroger, il pose et se pose des questions sur tout ce qu'il vit, voit, ressent mais il n'obtient jamais de réponses ; Théo est condamné à ne pas savoir, à ne pas comprendre ce qu'il vit : n'en va-t-il pas de même dans les rêves où nous n'avons que la possibilité de « décrypter » ce que nous voyons, d'interpréter ?



La forme du récit, sorte de voyage initiatique, son style dépouillé, souvent heurté, ses phrases généralement courtes, souvent au présent de l'indicatif, sa quasi absence de lyrisme, participe de ce sentiment d'étrangeté ressenti dans les rêves, il est le support même des images du songe.

Mais celui-ci est un songe qu'on n'oublie pas une fois le livre refermé.



Presque à la fin du livre, du voyage, que je ne dévoilerai pas, je citerai cette pensée de Théo :

« J'ai conscience d'un changement, sans raison, d'une autre dimension – je me suis trompé, je nage en plein rêve, sur mon lit ou une natte tout au fond d'un refuge, plus jamais je n'accéderais à la réalité, l'aire où l'on roule depuis deux jours n'existe pas, elle est juste intérieure. »





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Echec, et mat

Dans ce road-trip post-apocalyptique, Théo raconte son épopée en Jeep avec Mat, son mentor, pour fuir la Cité. Les flashbacks du narrateur nous expliquent son voyage vers l’espoir. Les attaques clandestines et le désert, dénué d’eau, denrée vitale rare, campent le décor hostile. Les obstacles alternent avec les découvertes et les révélations.

La cadence rythmée des évènements ponctuant leur trajet nous plonge dans l’action. La drogue, les souvenirs sentimentaux et la recherche d’un futur meilleur maintiennent Théo sur cette route de l’espoir d’un bonheur moins artificiel. Comme une partie de jeu, on s’interroge de savoir qui de Théo ou de ses poursuivants sera échec et mat…

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Trafic

Méditation en acte sur les prestiges de l'image, exploration de l'étrangeté festive des situations banales, vision kaléidoscopique d'un envol en Louisiane, romance cinématographique... Comment cerner la chatoyance de /Trafic/? Maîtresse des pleins pouvoirs, l'écriture trace sa route.
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Trafic

C’est une histoire de charme, d’argent et de fuite que raconte Galien Sarde dans son roman Trafic, véritable tour de force de « road littérature », comme il y a, au cinéma, des « road movies ». L’intrigue repose sur le coup de foudre de Vincent pour Manon, Vincent qui va délaisser son métier jusqu’à en être licencié et vivre sa passion pour cette inconnue incandescente, dont la beauté et la distinction le subjuguent. Il y a de la fascination mêlée d’un désir ardent pour cette Amazone qui rentre du tournage d’un film en Louisiane, qui flambe l’argent de manière ingénue, qui ne refuse pas les liaisons passagères, chez cet homme qui se dévêtira de ses frustrations pour brûler sa vie aux côtés de celle qui apparaît plus, jour après jour, comme l’héroïne d’un roman passionnel.

Tout commence par un tableau saisissant sur la nationale 7 en direction de Cannes où Vincent et Manon sont immobilisés, empêchés, arrêtés à cause d’un accident. Mais que font-ils là ? Le roman sera l’élucidation, par retours en arrière successifs, de leur situation présente à la fois intrigante et dangereuse : dans le récit, le lecteur croise ainsi un réalisateur dans une mare de sang, des inconnus qui frappent aux portes, un appartement saccagé et frissonne à la narration des aventures trépidantes des deux personnages principaux qui trimballent avec eux, ingénument mais néanmoins pas sans risques, un sac de bowling rempli d’argent et un pistolet.

Une réécriture saisissante

Trafic est la réécriture contemporaine du grand roman de l’abbé Prévost Manon Lescaut à partir duquel Galien Sarde a composé une symphonie littéraire rock’n roll. Comme dans l’ouvrage de 1753, l’héroïne, qui brûle la vie par tous les bouts, s’appelle Manon ; il est question d’un voyage-exil en Louisiane ; les deux héros se jettent à corps perdu dans une fuite en avant pour échapper à leur destin ; le héros (des Grieux chez Prévost, Vincent chez Sarde) décide plus d’une fois de renoncer au monde pour assouvir son coup de foudre ; le personnage double des Grieux/Vincent réalise que, même si son amour est sincère, l’héroïne Manon, si bien campée chez Sarde qu’elle semble échappée du roman de Prévost, semble avide de plaisirs, aime à dépenser sans compter et ne peut se résoudre à une vie médiocre. Il n’est jusqu’à la présence d’adjuvants bienveillants qui aident le couple dans leur sublime déshérence (Aubin et Yannick chez Sarde, Tiberge chez Prévost).

Passant tour à tour, et du jour au lendemain, de l’exaltation à l’angoisse, de la fortune (à tous les sens du terme) à l’inquiétude, de Paris à l’Amérique, des Grieux/Vincent et les deux Manon n’ont qu’une excuse, ressort brillamment exploré dans chacun des deux romans à plus de 250 ans d’intervalle : l’amour, l’amour qui brûle, l’amour qui enivre, l’amour qui emporte dans des contrées dangereuses, et qui fait oublier, dans le roman de Galien Sarde, que Vincent plaque tout, las du ronron de son existence lisse, pour l’inconnu, et que Manon se révèle périlleusement légère.

En exploitant tous les ressorts de l’intertextualité et de la réécriture originale d’un monument de la littérature française, Galien Sarde s’inscrit définitivement dans une lignée prestigieuse, celle de la postérité littéraire du Manon Lescaut de l’abbé Prévost, qui compte George Sand (qui publiera en 1835 Leone Leoni, qui s’inspire de Manon Lescaut mais en échangeant le sexe des deux personnages principaux, avec une femme entraînée dans les aventures grandioses et sordides d’un noble Vénitien), qui compte Alexandre Dumas fils (qui, dans La Dame aux camélias en 1848, dresse un parallèle explicite entre son héroïne et Manon Lescaut) et qui compte aussi Vsevolod Petrov (écrivain russe qui publie en 1946 La Jeune Véra, une Manon Lescaut russe).

Une œuvre singulière

Trafic se singularise enfin par son style, clair, limpide, où l’auteur a fait la chasse au superflu (les adjectifs, les adverbes, les répétitions) pour donner à lire des phrases picturales gorgées de soleil et d’incandescence, qui ne renie pas les réflexions sur la vie. Il n’est qu’à lire les réflexions de Vincent après avoir visionné le film dans lequel a tourné Manon pour s’en convaincre : « Une vie se manque sans doute de résister, d’agir ou de la vouloir, pour se conformer à des idées préconçues. Mieux vaut, au moins parfois, ne rien prévoir, laisser le cours des choses nous prendre librement. »

Dans Trafic, Galien Sarde met ses deux personnages au défi de la fatalité, d’une fatalité qui les enserre dans ses rais et dont ils s’extirpent avec toute l’innocence de leur insolence. Le roman de l’abbé Prévost avait scandalisé avant d’être interdit de publication : on se plaignait que de mauvaises conduites ne soient pas assez clairement condamnées mais semblent justifiées par le sentiment de l’amour. Aujourd’hui, le roman de Galien Sarde interpelle et, à coup sûr, fera parler, par le brio de son intrigue et la complexion de ses personnages. Il fera parler, cet été et à la rentrée, et, espérons-le pour l’auteur, encore dans 275 ans.



Olivier Stroh

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Echec, et mat

"Galien Sarde signe son premier roman, Échec, et Mat aux Éditions Fables fertiles, une maison d’édition à la ligne exigeante et ambitieuse. Récit hallucinatoire et fébrile d’une fuite en avant dans un monde dévasté, il met en scène deux personnages, le narrateur, Théo, et son guide, Mat, prêts à tout pour rejoindre l’Océan, but ultime de leur périple, et sa liberté fabuleuse. L’écriture ciselée de Galien Sarde porte ce récit d’un souffle électrique, comme une secousse.



Un roman post apocalyptique



Le roman s’ouvre sur l’urgence d’un départ, sur une course effrénée dans l’obscurité pour gagner le désert aveuglant et tracer vers l’ailleurs. On comprend rapidement que les personnages s’échappent d’un monde fermé et violent. Le lecteur, au fil des pages, reconstitue l’univers quitté par les deux héros, urbain, surveillé, rationné, dystopique, en un mot. La Cité est dirigée par un pouvoir unique qui, sous le couvert d’une entreprise chargée du ravitaillement en eau, dicte une loi implacable et contrôle la population, rendue léthargique. Revers de la surface que l’on imagine verticale, le monde souterrain, refuge des marginaux et des déserteurs, se présente comme un asile pour le narrateur aux désirs en expansion. Loin de la lumière du jour, dans des réseaux obscurs et labyrinthiques, grouille une vie exilée. Enfin, en pur contraste, les personnages émergent à la lumière, celle franche et aveuglante du désert. Galien Sarde excelle dans l’écriture de la lumière, de sa brûlure sensuelle. Les pages alternent entre obscurité et éclat, dans un effet stroboscopique des plus hallucinatoires. Comme le narrateur, le lecteur se laisse entraîner dans ce monde onirique à la frontière entre rêve et cauchemar. [...]"



Cécilia Tarasco, le 6 janvier 2023, Lettres capitales
Lien : https://zone-critique.com/20..
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Echec, et mat

Travail herculéen que de se risquer à faire un retour de lecture de l’œuvre de Galien SARDE, intitulée « Échec, et Mat », publiée aux éditions Fables fertiles, car l’auteur brouille en permanence les pistes.

Le chroniqueur se perd en conjectures sur son genre littéraire. S’agit-il d’un conte, d’une fable, d’un récit d’anticipation, d’une épopée, d’un voyage initiatique ? Il y a de tout cela.

L’auteur nous parle d’un monde dans lequel l’eau serait devenue une denrée rare. Seule la « Cité » la détiendrait, mais pour pouvoir en bénéficier avec une extrême parcimonie, les habitants doivent accepter une soumission inconditionnelle les privant en réalité de toute liberté. Les rebelles pourront rêver à leur guise de liberté, mais ils seront strictement cantonnés dans un monde souterrain, et leur paradis ne sera qu’artificiel sous l’effet de drogues.

Difficile de s’en sortir pour Théo, qui n’y pense même pas jusqu’au jour où il rencontre Mat. Celui-ci lui confie qu’il existerait une possibilité d’y échapper. On raconte qu’Eurydice connaîtrait le moyen de s’en sortir… La référence à l’enfer est ici flagrante.

Théo et Mat parviendront grâce à Eurydice à échapper à cet univers clos et destructeur. Mais que découvriront-ils à l’extérieur ? S’agit-il d’une évasion libératrice ou bien d’une fuite en avant ? Cette quête d’une terre promise n’est-elle pas autre chose qu’une utopie ?

Que veut nous démontrer l’auteur ? Nous nous posons beaucoup de questions tout comme Théo qui ne cesse de répéter « il n’y a rien à comprendre ». Ce n’est véritablement qu’à la fin que le lecteur prend conscience que peu importe le but, l’essentiel étant à ses yeux le cheminement intérieur pour y arriver.

Une œuvre qui nous interpelle, un récit haletant très bien mené. Il faut absolument avoir lu ce livre !
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Echec, et mat

Bon roman. C'est littéraire, bien écrit, haletant.

Vous le lirez d'une traite et apprécierez la façon dont le mots sont choisis pour ajouter à l'ambiance, à la construction des personnages.

Un vrai effort d’écrivain est ressenti pour épurer le style, se mettre au service des émotions.

On se perd quelquefois dans les références mythologiques, mais on suit avec délice la calvaire délicieux vécu par les protagonistes.

Il y a de l'amour, il y a de l'humain, il y a du spleen.

Reste à mon gout une intrigue un peu lâche, et une aventure qui tire trop vers l’odyssée.

Mais je ne suis jamais satisfait, c'est la raison pour laquelle j'ouvre toujours le livre suivant...Wink!
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Echec, et mat

"Echec, et Mat" est un premier roman de Galien Sarde et davantage un premier récit, si l'on estime que le récit est recherche d'un langage de vérité qui puise sa ressource dans un dépouillement, une esthétique plus à nu que le roman - une esthétique qui vient abonder la stupeur, témoigner de la linéarité d'une destinée, hors la complexité formelle de telle et telle situations. Les personnages d'Echec et Mat affrontent un monde apocalyptique en une sorte de mouvement comme un seul, inexpliqué, d'où la dimension mythique émerge comme une expérience extatique.

Echec, et mat embarque très vite et se lit d'une traite, qui emprunte tant aux codes formels du Road trip que de l'épopée, dans une langue qui n'est jamais hermétique, mais très accessible et pourtant sise sur une ligne de crète, en permanence.

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Trafic

Je n’ai pas aimé ce livre. A mon goût trop d’emphase, de complexité dans le style, pas assez de rythme et de suspens, mais surtout … un livre c’est une histoire racontée par un auteur. Son talent doit nous permettre d’intégrer l’histoire, de la vivre , de l’embrasse, d’y être, de ressentir. Et je ne suis pas senti projetté. Il est très bien écrit , avec des phrases complexes et un vocabulaire riche, ( certaines phrases occupent une page entière) mais l’histoire ne m’a pas fait vibrer. Ce livre est sûrement très bien pour une autre catégorie de lecteur que moi.
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