Quant à moi, la musique de Schumann m'oppressait, je ne pourrais dire autrement. Elle m'était comme une route sans repères, un paysage qui se transforme et s'efface à chaque pas, un pont qui s'effondre sitôt qu'on l'a traversé. D'insoutenables silences, de soudaines dissonances, déchirantes, des répits dont on sait qu'ils précèdent les gouffres. Des explosions de joie naïves et des moments d'une poignante douceur. je ne pénétrais qu'avec réticence dans ces espaces hantés, incertains, dangereux et sans retour possible. Je demeurais à la lisière de ces lieux dont je devinais la menace, et m'émerveillais de leur beauté. A la différence de Sophie, je voulais rester intact en y pénétrant.