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Citation de collectifpolar


Londres, 1892.

L’homme scrutait sa flasque désespérément vide, comme si la regarder allait la remplir par magie. Il mit la main à la poche, à la recherche d’un penny, mais ne rencontra là aussi que le néant. Cela le fit rire. Il s’allongea à même le ciment froid du tunnel obscur où il avait désormais élu domicile, loin de la surface et de sa vie trépidante.

Il ferma les yeux. Le tremblement du sol sous sa tête, un courant d’air frais sur sa peau : le dernier métro entrait en gare. L’homme imagina la foule sortant des wagons, les uns habillés de redingotes flambant neuves, avec à leurs bras des femmes drapées dans des robes de taffetas aux couleurs sombres et sobres, tenues agrémentées de camés autour de leur cou fin et gracile et des gants de soie sur leurs mains. Certains couples marchaient tranquillement pour profiter de l’air chaud de la station de Paddington, tandis que les autres, plus modestes dans leur tenue de travail, allaient d’un bon pas, pressés de retrouver la rue. Nulle part ailleurs ces deux mondes si distincts n’auraient pu se côtoyer comme ici. Même les gredins pouvaient se fondre dans la masse et frotter leurs fripes sales et malodorantes aux épaules des gentilshommes, une main noire de suie les délestant de leurs bourses, avant de filer vers la surface.
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