Saviez-vous que chaque paisible mort naturelle à quatre-vingt-un ans est une tragédie sans égale ? Chaque jour, des gens, des individus –des Américains, si c’est plus parlant pour vous- tombent face contre terre sur le champ de bataille, pour ne plus jamais se relever. Ne plus jamais exister. Ils ont des personnalités complexes, leur cortex est un chatoiement de mondes fluctuants, d’univers qui auraient désorienté les bergers mangeurs de figues qu’étaient nos ancêtres bien réels. Ces braves gens sont des divinités mineures, débordant d’amour, des donneurs de vie, des génies méconnus, dieux de la forge debout à six heures et quart pour allumer la cafetière, prier en silence pour voir le lendemain, et puis le surlendemain, et puis le bac de Sarah, et...
Annihilés.