Poésie-peinture tout en touches
fines, colorées, pointillistes, pleine
le plus souvent de l'Absence, du
Rien, du Peu, de Personne.
Ainsi :
" La Maison de Personne
le berger aveugle
Poème peint dans le voisinage d'une pomme.
Proche de l'oiseau n'ayant jamais pris le vol.
D'un verger assoiffé. — Est-ce le presque hiver
des bergers. Le temps de la patience
p.9
" La Maison de Personne
le berger aveugle
Nulle flèche. L'éclair dans le désordre du Temps.
— Le tireur d'élite m'offre l'enclos du Souffle :
une alouette ivre des premières neiges
Blessée dans le compotier : une pomme exilée.
Au goût de faïence bleue. — O divine pomme
dessinée. O silence dressé. Avant les migrations
fruitières
p.10
" La Maison de Personne
le berger aveugle
Terre avec des pensées. Et quelques abeilles,
brèves. — Je marchais, entre l'enclume et le
soleil couchant. Perdu dans le brouillard de l'Être.
Sentinelle précaire. Aveugle
Simplement, posée près de ma bêche. Où les
dieux sont présents. Une corbeille de brume. Les
écrits de l'aube, dans les replis du Livre. — La
saveur d'une cuisine de province
p.11
" La Maison de Personne
la maison de personne
Ermite d'aucune parole, je poursuis l'éclair. Après
telle chasse royale. À l'aveuglette. — Poème lu
à rebours, quelque part, dans l'effacement du
brouillard. Où rien ne s'épuise
p.18
" La Maison de Personne
la maison de personne
Lentement rumine le jour :v sa proie nocturne.
En ce lieu en friche. Empli de silence.
Absent, devine l'absence, le signe au détour du
Chemin. À la limite du peu
S'ouvre en se fermant la simple saison. — Achè-
vement ou éclosion. Du mot " maison ". L'unique
réalité s'achevant, en suspens toujours. Aux
lèvres de l'inattendu
p.19
" La Maison de Personne
la maison de personne
D'obédience inconnue. Celui qui passait. Au
commencement de la parole. C'était l'ami d'une
pensée sans fin. — La famine veillait, une
parole négative
Immobile, dans le champ voisin. Personne. Ou
son double. Une présence aveuglante. Le cri aigu
de l'oiseau possible. —Promise aux blés loin-
tains, cette lumière ne touchait même pas le
premier passant
p.20
" La Maison de Personne
la maison de personne
Nid obscur ballotté vers d'obscures maisons.
Parfois le silence y germe : la passion, rapide-
ment, devenue passion. — Là, aussi, veille,
celui qui n'est pas.
Celui qui précède le Rien
Tôt les choses absorbent le petit matin des choses.
Mais, là, n'est qu'apparence. Divagation de la
non chose. — Don de l'aube, ô pluie plénière,
frapperas-tu aux carreaux de l'absence
p.21
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Poésie du jardin (intérieur) s'il en est, surprenante, comme un bond de lapin, luxuriante comme une goutte de rosée au matin. Impossible de ne pas aimer se perdre dans le dédale de cette pensée enchanteresse où l'homme et la nature ne se retrouvent pas : ils ne se sont jamais quittés.
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