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Citation de enzo92320


3.1. La recherche d’une « démocratie de propriétaires »

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La première étape de notre cheminement prend appui sur la réflexion de Rawls quant à la capacité des institutions sociales à respecter les deux principes de sa théorie de la justice, socle selon lui de la société libérale. À cet effet, il oppose le « capitalisme du laissez-faire » et le « capitalisme de l’État-Providence » à la « démocratie de propriétaires » qui a sa préférence :

Le « capitalisme du laissez-faire » est certes efficace, mais ne reconnaît qu’une égalité formelle s’appliquant aux libertés comme aux opportunités réservées à chacun. De plus, il ne garantit qu’un minimum social assez bas, à l’image du revenu hors marché que Hayek n’octroie qu’à ceux qui ne parviennent pas à y gagner leur vie.

Le « capitalisme de l’État-Providence » est certes plus sensible à l’idée d’un minimum social plus élaboré, comme à celle d’égalité des chances, mais il « autorise des inégalités très importantes en matière de propriété réelle (des moyens de production et des ressources naturelles), si bien que le contrôle de l’économie et de l’essentiel de la vie politique reste entre les mains de quelques-uns ».

À l’inverse de ces deux systèmes, la « démocratie de propriétaires » est la seule à viser prioritairement la dispersion maximale du pouvoir économique, à l’image de ce qui se fait plus classiquement dans la sphère politique, où chacun détient une parcelle de pouvoir par le suffrage universel. Les instances ainsi élues, ou nommées par elles (la magistrature), restent par ailleurs soumises au principe, par essence libéral, de la séparation des pouvoirs.

Ainsi, dans la sphère économique, la « démocratie de propriétaires » vise-t-elle d’abord à disperser au mieux la propriété des richesses et du capital, afin d’éviter qu’une partie infime de la société ne contrôle l’économie et indirectement la vie politique. Le même principe s’applique au capital humain (l’éducation et les compétences), car l’objectif est de placer chaque citoyen en position de s’occuper de ses propres affaires, ce qui va bien au-delà de l’octroi nécessaire d’un revenu minimum pour tous les accidentés de la vie.

Dans la même perspective, Rawls considère aussi, de manière plus anecdotique, le cas d’un « régime socialiste libéral » qui combinerait économie de marché et propriété collective des moyens de production. Les entreprises, dirigées par les salariés ou leurs représentants, relèvent alors de pratiques « autogestionnaires » ponctuelles (type rachat de l’entreprise par ses salariés) ou institutionnalisées (dans le secteur de l’économie sociale et solidaire), tout à fait compatibles avec le libéralisme économique. En particulier, ces entreprises autogérées poursuivent leurs activités « dans le cadre d’un système de marchés libres et en pratique concurrentiels ».

En résumé, c’est donc bien l’idée de dispersion la plus large possible du pouvoir qui illustre le mieux la grande cohérence des volets politique et économique du libéralisme rawlsien.
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