Sans se lâcher, on colle nos têtes à la vitre épaisse qui nous sépare du vide, New York est sous nos pieds et si ça va passer ça n'a pas d'importance; à ce moment précis, le monde nous appartient.
New York s'efface, fondue au noir et puis plus rien d'autre n'existe que la foule qui piétine, plongée dans une agitation de parc d'attractions, les yeux rivés sur le ciel et l'éclat mauve de la nuit électrique.
C'est peut être le décor, l'altitude qui fait ça, ou alors juste la ville, la ville et puis la vue qui étourdissent doucement, rendent vaguement amoureux.
C'est un musée de rien, un musée de petites choses, détails punaisés, futilités sous cloche. C'est de l'âme, un peu de poussière et rien de plus. De la mémoire noyée dans le clignotement arythmique d'un néon paresseux.
On a lancé la nuit et noyé le quartier d'un ciel qui ne s'éteint pas. Une chanson par porte, un rythme par rue, la nuit est un concert, Williamsburg un juke-box.
Les rues s’enchaînent et avec elles les images, la bande-son, les dialogues de centaines d'instants et de souvenirs filmés, des scènes sur pellicule, que l'on n'a pas vécues mais dont on se souvient comme de nos propres vies.
Bien avant de devenir Premier peintre du roi, et de réaliser les décors de la galerie des Glaces à Versailles, Charles Le Brun fut élève de Simon Vouet. De quel tragédien fit-il le portrait en 1642 ?