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Citation de Ledraveur


L'auteur [Brion Gysin] de Désert dévorant, qui tout à sa passion de Jajouka s'est consacré à de savantes recherches sur son substrat historique, énonce à cet égard une hypothèse pour le moins saisissante pour quiconque a visité le site archéologique où j'ai fait halte lors de mon laborieux périple. Les Phéniciens, chassés de Lixus, auraient effectué un léger déplacement vers le sud-est, vers les monts Al-Sharif qui leur offraient une nature relativement généreuse et, surtout, la discrétion de ses plateaux difficilement accessibles et largement dérobés à la curiosité des intrus potentiels, où les prêtres et les prêtresses pouvaient s'adonner à leurs cultes scabreux. Quel était, sur ces plateaux d'Al-Sharif, le lieu de prédilection ?
Gysin se pencha sur les ressources de l'étymologie. Et fit alors un constat qui l'ébranla en profondeur : le segment « jouka » du nom Jajouka signifie « hibou ». Et « Djajouka » signifie « le mont du hibou ». Or le hibou est le symbole que les Phéniciens attribuèrent à la plus vénérée de leurs divinités, Astarté ! La terrible Astarté fut chassée de Lixus, et c'est à Jajouka qu'elle s'est exilée !
Les Phéniciens, fondateurs de Carthage en 814 av. J.-C., furent dès cette époque en contact avec des populations berbères. Dans un premier temps ils conservent leurs divinités propres, notamment Baal et Astarté. Mais ces premiers contacts débouchent sur des alliances, et les mythologies phéniciennes et berbères tendent alors à se confondre. De quoi Astarté fut-elle la déesse attitrée ? Oui ! De la fertilité et de la fécondité, encore. Et Astarté porte des cornes !
Aux prêtresses d'Astarté était faite obligation de se couper les cheveux, mais une alternative était proposée à celles qui ne voulaient céder à cette injonction: la prostitution un jour durant aux étrangers de passage. Des boucs ou des chèvres étaient la rétribution de ces sacrifices, dont les parties génitales étaient préalablement données en offrande à la divinité. Des sacrifices humains aussi étaient, selon les Romains, offerts à Astarté. Les offrandes devaient être « pures et sans tache », de sorte que c'étaient de jeunes garçons qui souvent étaient immolés.
p.182-83
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