Tandis que ses camarades se sont tournés vers les tons assourdis ou vers Cézanne, abandonnant un Fauvisme que Matisse vient de définir selon des exigences plastiques qui lui sont propres, van Dongen continue imperturbable à utiliser triomphalement la couleur sans plu se soucier des théories ou des modes, cherchant à rester en accord avec son tempérament.
Arrivé aux portes de la mort, Modigliani avait conscience qu'il avait pleinement achevé sa course épuisante et satisfait au mieux les exigences qu'il s'était imposées. Cet inimitable monde clos qu'il avait constitué à grand-peine et étendu aux dimensions de l'univers humain ne risquait plus de disparaître. Désormais lui-même pouvait s'abandonner à son sort avec sérénité et discrétion.
D'où vient cependant que Picasso continue depuis tant d'années à occuper le devant de la scène artistique et à exercer un ascendant aussi puissant ? C'est qu'il est certainement le seul parmi ses compagnons de route à avoir sans cesse marché dans les pas du siècle et bien souvent même à les avoir devancés.
Chaque étape qu'il a parcourue, chacune de ses nouvelles orientations trouvent leur répondant dans l'évolution générale de l'époque. On pourrait établir un étroit parallélisme entre les diverses périodes de sa recherche et les grands courants contemporains qui éveillent dans sa production tant d'échos multiples. Il n'y a guère de dénomination qui ne lui convienne puisqu'il a exploré presque toutes les possibilités : nabi, fauve, primitif, cubiste, constructiviste, abstrait, naïf, surréaliste, expressionniste, etc.; et à l'occasion rival de Braque, de Matisse, de combien d'autres encore.
Son mariage avec Peggy Guggenheim se convertit vite en échec et au bout de quelques mois il abandonne le luxueux hôtel particulier de Beekman Place pour retrouver la vie difficile à laquelle il est habitué.