C'est le moment où l'immigration arménienne, en France, est massive. Des milliers de familles, venues de Smyrne, de Trébizonde, de Cilicie, débarquent à Marseille. Elles sont réparties dans des camps de fortune : Oddo, Saint-Jérôme, Saint-Loup, Sainte-Marguerite... Des institutions, des associations, des réseaux les prennent en charge. Ils côtoient des gens venus de partout : Espagnols, Tunisiens, Algériens, Grecs, Juifs, Bulgares, Russes... Des strates se forment ainsi, année après année, dans cette ville aux destins multiples, porte d'entrée de la France depuis longtemps. Les Arméniens s'installent dans les quartiers périphériques, leur nombre augmentant d'autant plus que la déception en ce qui concerne la République socialiste d'Arménie se répand. Les rares candidats revenus de là-bas témoignent : le règne des soviets, c'est la geôle.
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