T’es musulman, arabe, t’as tout à perdre, en perpétuelle probation, sur le siège éjectable de tous les désormais célèbres «amalgames», mot fourre-tout de l’homme de gauche sensibilisé qui tient à l’exprimer pour montrer sa supériorité morale, en une sorte de selfie de sa conscience. Ça sautait quelque part, bam, si tu portais un nom arabe, c’était chaque fois à recommencer, fallait prouver que t’étais pas de «ceux-là», que t’étais un bon citoyen, un ami de l’Occident, et que tu crierais haut et fort pour condamner les atrocités commises en ton nom. Dans la hiérarchie des hommes, s’appeler Chedi, c’était compliqué.
Alors que pour moi, une femme, c’était beaucoup plus simple: devant un homme, n’importe lequel, qu’il soit blanc, noir, jaune ou vert, face à La Mecque ou à la tête du Vatican, gueux à loques colérique ou propriétaire de yacht à dorures, je n’étais, et je ne resterais, jusqu’au bout de ma vie, que la femelle de mon espèce.