Geneviève Rioux

« (…) Nourrir la peur carnassière
Ou éteindre le feu de détresse.
(…)
De ma rage de vivre
Je t'envoie contre le mur
Interstice entre les douleurs
Je me relève, m'échappe
Par les cheveux, tu me retiens
On se bat, se retrouve
Face à masque
(…)
Je veux vivre à tue-tête
Tes dents serrées sifflent
Je t'avais dit de pas crier
(…)
On se défend
De se fendre
Violées
De mère en fille
Survivaces
De fille en mère
(…)
Tu m'étouffe à me finir
(…)
Dernière expiration
C'est pas juste
Ca ne l'est toujours pas
Ne le sera jamais
Je ne me battais pas
A armes égales
(…)
Tu m’as traquée, tracée
Tu m’as raté le féminicide
Pour l'instant
(…)
Je ne peux plus hurler, mais
Tu n'as pas achevé
Ma voix
Second souffle
(…)
Je suis le visage écarlate
Un soleil mourant
(…)
Je viens à mon secours
Une pulsation à la fois
Je suis seul au monde
A me savoir
à me sauver
(…)
La vie me presse
Les tempes, la carotide
Je baigne dans ma tombe
(…)
Je ne veux pas m'éteindre
(…)
Tu les as toutes écorchées
L'effroi porte le même visage
(…)
Il entre, elle veut sortir
La sécurité est partout
Partout ailleurs qu'ici
(…)
Je suis
La cicatrice des
Cicatrices
(…)
Dix-huit coups de couteau
Percent ma chair
Et son regard
Sur ce qu'il en coûte d'être
L'une parmi nous
(…)
La liberté des unes
Commence là où s'arrête
Celle des violeurs, tueurs
Toi
(…)
Debout, je deviens (…) »