Citations de George Laurence Hendel (18)
DE TERRE ET DE SANG
DE CIEL ET DE FEU
Dévoi
Sacré cousin…
Sacré cousin sacré gredin
tu ferais braire à ton argus
La poésie s’incoercise :
le vers dévale et se défrusque
et s’oblitère et se grenaille
sa gardavouse et se testise
c’est la machine ex le Deus
p.163
L’eau de l’étang…
L’eau de l’étang
sans voix ni ride
cet équilibre
d’un pur instant
Sonore et calme
un chant de cygne
parmi les lignes
nues et subtiles
d’éclats de cuivres
d’ors de garances
des fulgurances
emprisonnées
Et si furtif
d’air immobile
un jonc fragile
le temps posé
p.66
Vient le vent
3
À cinq heures
le jour fiévreux
chancelle
et lentement
se referme
le ciel
4
Qu’as-tu fait
du rêve
p.182-183
La Cantate au Pérégrin
à fond d’étoiles...
à fond d’étoiles
à fond de rien
vogue mon navire
sur les eaux calmes
du délire
une aube est morte
une aube est là
contre la porte
avec la voix
très douce des feuillages
gonfle ta voile
aux quatre voix
de l’esprit
aux quatre chants
des éléments et
t’arrache aux liens cruels
de la mer et du vent
oiseau pas même
esprit pas même
où le rien et le tout
se conjuguent se confondent
et parlent
p.42
COMME L’OMBRE ET COMME LE VENT
Retour
Extrait 1
Ah ! j’avais oublié
la rumeur des vagues
ces coquillages
et ces petits galets
lissés de la plage
et ces aiguilles de pin
piquées
dans le sable glacé
Un chuchotement de mots
égarés au vent
d’un été comme les autres
Un bras qui me tire
à l’intérieur de moi
de tout son poids d’absence
…
p.185
Complainte
Cette chanson Ah
ténue Et la voix
perdue Et la voix
près de l’arbre
Cette chanson Ah
sans mots et sans voix
du temps résolu
sur le sable
Le vent l’a chantée
le vent l’a perdue
qui la chantera
près de l’arbre
Cette chanson Ah
sans mots et sans voix
d’une ombre et d’un pas
sur le sable
p.111
Vient le vent
2
Sous nos pas
chasseurs
la terre s’offre
exhalant
des odeurs écrues
d’aubiers
p.182
Vient le vent
1
Vient le vent
se creuse
la vague
Le matin lisse
dispose
de nos soifs
p.182
AUBADINERIES
Les tristesses de la lune
La lune a des tristesses
quand le hibou
se met à chanter.
Elle n’aime pas
sa voix qui hulule,
ni ses yeux qui fixent
On ne sait pas qui,
ni quelle souris,
dans la nuit.
Elle voudrait entendre
le chant du rossignol.
Mais, le rossignol dort.
p.87
CRAIES
il vente
il pleure
il vente
il rit
il neige
il pleure
il neige
il rit
il pleure
il pleut
il pleure
il rit
Soleil
je ris
Soleil
je pleure
Et le vent
ou neige
et neige
ou pluie
Soleil
je vis
p.94
La Cantate au Pérégrin
AVEC…
avec du ciel
avec du lait
avec des fleurs
nous écrirons des paysages
avec du sang
nous écrirons des hommes
avec du feu
nous écrirons les villes et l’esprit
Il faut voir l’âme
au-dessous de la chair
l’âme unique et multipliée
sous la chair multiple
Il faut voir l’esprit
dans l’acte qui le cristallise
Il faut voir la mort
et vivre
p.52
Retour
Extrait 2
Il pleut sur le soleil rouge
et sur l’eau verte du fond
de l’année incertaine
sur l’eau décolorée
des fontaines en cascade
parmi les fleurs
dans les jardins étagés
devant la mer près de San-Remo
et sur les allées dallées
de Dubrovnik la Blanche
Un enfant rit
sous le rideau des pins
Un enfant crie au loin
plus loin plus loin
en poursuivant son chien
Et j’ignorais qu’ils fussent
dans mon souvenir
p.185-186
COMME L’OMBRE ET COMME LE VENT
Vient le vent
3
À cinq heures
le jour fiévreux
chancelle
et lentement
se referme
le ciel
4
Qu’as-tu fait
du rêve
p.182-183
COMME L’OMBRE ET COMME LE VENT
Vient le vent
1
Vient le vent
se creuse
la vague
Le matin lisse
dispose
de nos soifs
2
Sous nos pas
chasseurs
la terre s’offre
exhalant
des odeurs écrues
d’aubiers
p.182
DE TERRE ET DE SANG
DE CIEL ET DE FEU
Dévoi
Toi tu t’asphaltes …
Toi tu t’asphaltes sur les mots
et tu pensis les mieux rincés
tu les enchoses tu les jonctes
et puis tu cigles sur l’affiche
en tapinant un bout d’image
et tu t’esplaques sur la stance
Et tu nous sers : J’ai fait poème
p.163
DE TERRE ET DE SANG
DE CIEL ET DE FEU
Dérive
Le temps s’active à sa moisson
Il taque et tic hors de saison
Il tique et tac hors de saison
Mais sur la grèze où tu vivolles
tu t’intronises dans les mots
Et tu dérives tu dévioles
sur tes phrasures démâtées
quand la pomphante éternité
elle dérise à ton poignet
p.161
DE TERRE ET DE SANG
DE CIEL ET DE FEU
Outre-mots
Je me cœur je m’enclame
le m’arrime aux étoiles
Le m’orage intérieur
pour appeauter les sortilèges
mon chant n’orpaille pas
Je me résume à l’ombre
p.160
CRAIES
Sur le soleil
mûr des moissons
ou sur la pluie soyeuse
et lente
ou sur la neige
au pas de l’ombre
ou sur le vent
trahi de feuilles
l’heure indistincte
qui se referme
devant ton œil
indifférent
a été belle
belle entre toutes
p.63