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Citation de Ansea


Ansea
07 septembre 2012
Lettre de M. Jean GAUCHER

Mon cher André,
J'ai un grand service à te demander, qui ne te coûtera probablement que quelques paroles à échanger. Tu sais que mon fils Philippe, bien plus léger, bien moins studieux que son frère cadet, s'est fourré dans les arts et prétend faire de la peinture. Il a du goût, de l'esprit, un bon coeur, peu de jugement, encore moins de prévoyance. Enfin tu le connais, et tel qu'il est, tu as de l'amitié pour lui. Il faut le marier. Il m'a dépensé déjà pas mal d'argent, et il n'en gagne pas encore. En gagnera-t-il plus tard? Je n'y compte guère; mais je peux lui donner cent mille francs pour s'établir, et, comme il est aimable et joli garçon, que notre famille est honorable et mon nom sans tâche, il peut aspirer à trouver une demoiselle de deux cent mille francs. Dans cette position là, il pourra vivre sans travailler, puisque c'est son rêve, et s'amuser à peindre, puisque c'est son goût; mais il serait bon que la demoiselle eût des habitudes modestes, et à Paris ce serait un oiseau rare. Dans notre bon et honnête pays, on peut encore rencontrer ça, et j'ai jeté les yeux sur la petite Chevreuse, qui est dans une bonne position de fortune et qui a été élevée à la campagne. J'ai connu ses parents, qui étaient d'honnêtes gens, et je l'ai vue elle même l'an dernier à La Faille. Elle n'est pas bien belle, mais elle n'est pas laide. Dans ta dernière lettre, tu m'as fait l'éloge de sa conduite aimable avec ta mère, et puisqu'elle n'est pas encore mariée, je pense que mon fils lui conviendra.
Donc mon cher ami, je t'envoie Philippe pour huit jours. Il sera chez toi le 7 de ce mois. Il ne répugne point au mariage, mais il ne voudrait pas d'une femme laide et mal élevée. Il verra chez toi Marianne Chevreuse, et, si elle ne lui déplaît pas, tu pourras engager l'affaire, pendant son séjour ou aussitôt après son départ. Je compte sur ta vieille affection, à charge de revanche.
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