Du très grand nombre d’exemples convoqués par Klemperer, on peut extraire deux caractéristiques fondamentales de cette langue totalitaire. La première caractéristique est sa "pauvreté" intrinsèque (…)
Ainsi la langue du III° Reich réifie, mécanise toute humanité – et pour cela, elle devra se mécaniser elle-même. Sa pauvreté sera dureté inamovible, absence de fluidité ou de plasticité.
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Tout cela pour tout dire – pour dire que tout est désormais « total » - de façon à la fois brève et hyperbolique, impérieuse et prétentieuse. Le paradoxe de la langue du III° Reich, c’est qu’elle ne fut « pauvre » qu’à induire cette autre caractéristique fondamentale qu’était « l’enflure ». Il ne suffisait plus d’être Allemand, il fallait être fanatiquement Allemand.