Extrait 2/2
…Nous entendons la journée
qui passe
et se ferme dans les mots
L’air n’a plus de portée
On étend la main
sans étendre le jour
Comment voir la route
qui se détourne
où nous attendions
la poussière sans le regret
Vent qui n’a ni la face
ni le dos
Le mur du fond s’incline
dans le sommeil
Sur le seuil descend un nuage
où reste du sable
pour finir le temps.
Le pain des oiseaux
Extrait 3
Viens
À l’heure où le ciel et la terre se partagent les étoiles
nous danserons encore sur les dunes
en souvenir des chansons assises sur le rivage
et nous irons jusqu’au dernier village
où longtemps le sable chanta dans mes mains
avant de retourner à la terre.
La nuit dans la maison, la main touche le corps des murs.
Sommes-nous silencieux à l'intérieur, touchant de la main l'air du dehors ? La fatigue donne l'ombre aux vêtements suspendus à la porte, l'ombre contre le bois incite aux remontrances.
Vient aussi l'idée que le temps est incertain, que le jour reste derrière la porte, que la terre rouge à la surface et ce qui fut prennent les yeux et la bouche.
Le temps d'une année, en bas.
Le moment simple, plus haut.
La lumière sur ce qui bouge et ne bouge pas.
L'escalier se découvre et le sentiment nous emporte.
Tu loges ton coeur dans le soleil des feuilles
et chaque matin se retrouve les yeux
plein d'îles et de voyages lointains
Tu donnes du pain aux oiseaux
sans savoir que le bruit de leurs ailes sous la pluie
te parle d'un nouvel amour
loin des portes et des jardins
Petite fleur sauvage accrochée au corsage de l'averse
Hier sans volonté…
Hier sans volonté
portant l’erreur d’un paysage
forêt que le temps marque
comme fut le temps en d’autres lieux
simulacre d’un jour ou la guerre
ou le travail
ou le hasard
Se chauffant ici et là
quelqu’un dit je vais parler
et rien ne change.
Parler de l'arbre
où s'assemble
la lumière
De sa demeure
verticale
De sa solitude
où nous entendons
la voix inconnue
Parler de son ombre
où le temps s'arrête
Des feuillages
à la largeur du jour
p.8
Parler des racines
qui fixent en nous
la même terre
De l'écorce
aux plaies ouvertes
Parler du tronc
au vertige des cimes
Des nervures
des feuilles
des fibres du bois
dans le chant du corps
p.9
Le silence vient du sable
Au-dessus des racines
Il unit l’espace et le temps
Impossible d’en saisir
La taille et la mesure
Échappé à la terre
Il avance le long
D’anciennes routes
Il déplace ses contours
Et se rapproche de nous.
Le pain des oiseaux
Extrait 2
Si tu viens
ta joie triomphera sur les cris de ma douleur
Dans l’odeur épanouie du pain chaud dans le matin
Dans le parfum de foins coupés
dans l’eau légère et fraîche que l’on boit dans la main
Je retrouverai la fête vivante qui brillait dans tes yeux
À l’étrave d’obscures forêts l’arbre
est entré dans le récit du voyageur.
Il a ouvert son royaume de cime
et de vertiges qu’il avance dans ses
ramures jusqu’aux bords des routes.
Il monte à la lumière qu’il accroche
au ciel avec des cris d’oiseaux . A la
lisière tremblante de l’ombre il se
tient par les branches au-dessus du
vide. Il a des feuilles pour chaque
jour, il remonte les vents, les floraisons,
les chutes, les craquements d’écorce.
Il a une longue histoire qu’on abat
d’un coup.