Non, je n'oublie pas l'oubli. Je sais qu'un temps viendra, plus tard, où mes visites seront plus rares et, comment t'expliquer, Laurent, je ne peux y penser sans honte. Il paraît qu'il y a des sauvages, là-bas, dans les mers du Sud, qui ne consentent pas à se séparer de leurs morts. Nous qui sommes des gens civilisés et raisonnables, nous laissons nos morts se débattre seuls dans l'abîme. Moi, moi, il me semble que je ne suis plus sur terre, mais avec l'enfant, dans l'abîme, et que je vais le suivre à travers toutes les étapes de la dissolution.